Texte grec :
[2,120] 120. ταῦτα μὲν Αἰγυπτίων οἱ ἱρέες ἔλεγον· ἐγὼ δὲ τῷ λόγῳ τῷ περὶ Ἑλένης λεχθέντι
καὶ αὐτὸς προστίθεμαι, τάδε ἐπιλεγόμενος, εἰ ἦν Ἑλένη ἐν Ἰλίῳ, ἀποδοθῆναι ἂν αὐτὴν
τοῖσι Ἕλλησι ἤτοι ἑκόντος γε ἢ ἀέκοντος Ἀλεξάνδρου. (2) οὐ γὰρ δὴ οὕτω γε
φρενοβλαβὴς ἦν ὁ Πρίαμος οὐδὲ οἱ ἄλλοι <οἱ> προσήκοντες αὐτῷ, ὥστε τοῖσι
σφετέροισι σώμασι καὶ τοῖσι τέκνοισι καὶ τῇ πόλι κινδυνεύειν ἐβούλοντο, ὅκως
Ἀλέξανδρος Ἑλένῃ συνοικέῃ. (3) εἰ δέ τοι καὶ ἐν τοῖσι πρώτοισι χρόνοισι ταῦτα
ἐγίνωσκον, ἐπεὶ πολλοὶ μὲν τῶν ἄλλων Τρώων, ὁκότε συμμίσγοιεν τοῖσι Ἕλλησι,
ἀπώλλυντο, αὐτοῦ δὲ Πριάμου οὐκ ἔστι ὅτε οὐ δύο ἢ τρεῖς ἢ καὶ ἔτι πλέους τῶν
παίδων μάχης γινομένης ἀπέθνησκον, εἰ χρή τι τοῖσι ἐποποιοῖσι χρεώμενον λέγειν,
τούτων δὲ τοιούτων συμβαινόντων ἐγὼ μὲν ἔλπομαι, εἰ καὶ αὐτὸς Πρίαμος συνοίκεε
Ἑλένῃ, ἀποδοῦναι ἂν αὐτὴν τοῖσι Ἀχαιοῖσι, μέλλοντά γε δὴ τῶν παρεόντων κακῶν
ἀπαλλαγήσεσθαι. (4) οὐ μὲν οὐδὲ ἡ βασιληίη ἐς Ἀλέξανδρον περιήιε, ὥστε γέροντος
Πριάμου ἐόντος ἐπ᾽ ἐκείνῳ τὰ πρήγματα εἶναι, ἀλλὰ Ἕκτωρ καὶ πρεσβύτερος καὶ
ἀνὴρ ἐκείνου μᾶλλον ἐὼν ἔμελλε αὐτὴν Πριάμου ἀποθανόντος παραλάμψεσθαι, τὸν
οὐ προσῆκε ἀδικέοντι τῷ ἀδελφεῷ ἐπιτρέπειν, καὶ ταῦτα μεγάλων κακῶν δι᾽ αὐτὸν
συμβαινόντων ἰδίῃ τε αὐτῷ καὶ τοῖσι ἄλλοισι πᾶσι Τρωσί. (5) ἀλλ᾽ οὐ γὰρ εἶχον
Ἑλένην ἀποδοῦναι, οὐδὲ λέγουσι αὐτοῖσι τὴν ἀληθείην ἐπίστευον οἱ Ἕλληνες, ὡς μὲν
ἐγὼ γνώμην ἀποφαίνομαι, τοῦ δαιμονίου παρασκευάζοντος, ὅκως πανωλεθρίῃ
ἀπολόμενοι καταφανὲς τοῦτο τοῖσι ἀνθρώποισι ποιήσωσι, ὡς τῶν μεγάλων
ἀδικημάτων μεγάλαι εἰσὶ καὶ αἱ τιμωρίαι παρὰ τῶν θεῶν. καὶ ταῦτα μὲν τῇ ἐμοὶ δοκέει
εἴρηται.
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Traduction française :
[2,120] CXX. Je suis du sentiment des prêtres d'Égypte au sujet d'Hélène,
et voici quelques conjectures que j'y ajoute : Si cette princesse
eût été à Troie, on l'aurait sûrement rendue aux Grecs, soit
qu'Alexandre y eût consenti ; soit qu'il s'y fût opposé. Priam et
les princes de la famille royale n'étaient pas assez dépourvus de
sens pour s'exposer à périr, eux, leurs enfants et leur ville, afin
de conserver à Alexandre la possession d'Hélène. Supposons
même qu'ils eussent été dans ces sentiments au commencement
de la guerre, du moins, lorsqu'ils virent qu'il périssait tant de
Troyens toutes les fois qu'on eu venait aux mains avec les Grecs,
et qu'en différents combats il en avait déjà coûté la vie à deux ou
trois des enfants de Priam, ou même à un plus grand nombre, s'il
faut en croire les poètes épiques ; quand Priam aurait été lui-même
épris d'Hélène, je pense qu'il n'aurait pas balancé à la
rendre aux Grecs, pour se délivrer de tant de maux. D'ailleurs
Alexandre n'était pas l'héritier présomptif de la couronne ; il
n'était pas chargé de l'administration des affaires dans la
vieillesse de Priam. Hector était son aîné, et jouissait d'une plus
grande considération. Priam venant à mourir, ce prince devait lui
succéder ; ainsi il ne lui eût été ni honorable ni avantageux de
favoriser les injustices de son frère, et cela tandis qu'il se voyait
tous les jours, ainsi que tous les autres Troyens, exposé pour lui
à de si grands maux. Mais il n'était pas en leur pouvoir de rendre
Hélène; et si les Grecs n'ajoutèrent point foi à leur réponse,
quoique vraie, ce fut, à mon avis, par une permission du ciel, qui,
en détruisant les Troyens, voulait apprendre à tous les hommes
que les dieux proportionnent les châtiments à l'énormité des
crimes. J'ai dit ces choses de la manière qu'elles m'ont été rapportées.
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