Texte grec :
[2,93] 93. οἱ δὲ ἰχθύες οἱ ἀγελαῖοι ἐν μὲν τοῖσι ποταμοῖσι οὐ μάλα γίνονται, τρεφόμενοι δὲ
ἐν τῇσι λίμνῃσι τοιάδε ποιεῦσι. ἐπεάν σφεας ἐσίῃ οἶστρος κυΐσκεσθαι, ἀγεληδὸν
ἐκπλέουσι ἐς θάλασσαν· ἡγέονται δὲ οἱ ἔρσενες ἀπορραίνοντες τοῦ θοροῦ, αἳ δὲ
ἑπόμεναι ἀνακάπτουσι καὶ ἐξ αὐτοῦ κυΐσκονται. (2) ἐπεὰν δὲ πλήρεες γένωνται ἐν τῇ
θαλάσσῃ, ἀναπλώουσι ὀπίσω ἐς ἤθεα τὰ ἑωυτῶν ἕκαστοι, ἡγέονται μέντοι γε οὐκέτι
οἱ αὐτοί, ἀλλὰ τῶν θηλέων γίνεται ἡ ἡγεμονία· ἡγεύμεναι δὲ ἀγεληδὸν ποιεῦσι οἷόν
περ ἐποίευν οἱ ἔρσενες· τῶν γὰρ ᾠῶν ἀπορραίνουσι κατ᾽ ὀλίγους τῶν κέγχρων, οἱ δὲ
ἔρσενες καταπίνουσι ἑπόμενοι. εἰσὶ δὲ οἱ κέγχροι οὗτοι ἰχθύες. (3) ἐκ δὲ τῶν
περιγινομένων καὶ μὴ καταπινομένων κέγχρων οἱ τρεφόμενοι ἰχθύες γίνονται. οἵ δ᾽
ἂν αὐτῶν ἁλῶσι ἐκπλώοντες ἐς θάλασσαν, φαίνονται τετριμμένοι τὰ ἐπ᾽ ἀριστερὰ
τῶν κεφαλέων, οἳ δ᾽ ἂν ὀπίσω ἀναπλώοντες, τὰ ἐπὶ δεξιὰ τετρίφαται. (4) πάσχουσι δὲ
ταῦτα διὰ τόδε· ἐχόμενοι τῆς γῆς ἐπ᾽ ἀριστερὰ καταπλώουσι ἐς θάλασσαν, καὶ
ἀναπλώοντες ὀπίσω τῆς αὐτῆς ἀντέχονται, ἐγχριμπτόμενοι καὶ ψαύοντες ὡς μάλιστα,
ἵνα δὴ μὴ ἁμάρτοιεν τῆς ὁδοῦ διὰ τὸν ῥόον. (5) ἐπεὰν δὲ πληθύνεσθαι ἄρχηται ὁ
Νεῖλος, τά τε κοῖλα τῆς γῆς καὶ τὰ τέλματα τὰ παρὰ τὸν ποταμὸν πρῶτα ἄρχεται
πίμπλασθαι διηθέοντος τοῦ ὕδατος ἐκ τοῦ ποταμοῦ· καὶ αὐτίκα τε πλέα γίνεται ταῦτα
καὶ παραχρῆμα ἰχθύων σμικρῶν πίμπλαται πάντα. (6) κόθεν δὲ οἰκὸς αὐτοὺς
γίνεσθαι, ἐγώ μοι δοκέω κατανοέειν τοῦτο· τοῦ προτέρου ἔτεος ἐπεὰν ἀπολίπῃ ὁ
Νεῖλος, οἱ ἰχθύες ἐντεκόντες ᾠὰ ἐς τὴν ἰλὺν ἅμα τῷ ἐσχάτῳ ὕδατι ἀπαλλάσσονται·
ἐπεὰν δὲ περιελθόντος τοῦ χρόνου πάλιν ἐπέλθῃ τὸ ὕδωρ, ἐκ τῶν ᾠῶν τούτων
παραυτίκα γίνονται οἱ ἰχθύες (οὗτοι). καὶ περὶ μὲν τοὺς ἰχθύας οὕτω ἔχει.
|
|
Traduction française :
[2,93] XCIII. Dans les différentes branches du fleuve, on trouve très peu
de ces sortes de poissons qui vont par troupes ; ils croissent
dans les étangs. Quand ils commencent à sentir les ardeurs de
l'amour, et qu'ils veulent frayer, ils se rendent à la mer par
bandes. Les mâles vont devant, et répandent sur leur route la
liqueur séminale : les femelles, qui les suivent, la dévorent, et
c'est ainsi qu'elles conçoivent. Lorsqu'elles se sont fécondées
dans la mer, les poissons remontent la rivière, pour regagner
chacun sa demeure accoutumée. Ce ne sont plus alors les mâles
qui vont les premiers ; les femelles conduisent la troupe. En la
conduisant, elles font ce que faisaient les mâles : elles jettent
leurs oeufs, qui sont de la grosseur des grains de millet ; et les
mâles, qui les suivent, les avalent. Tous ces grains sont autant de
petits poissons. Ceux qui restent, et que les mâles n'ont pas
dévorés, prennent de l'accroissement, et deviennent des
poissons. Si l'on prend de ces poissons lorsqu'ils vont à la mer,
on remarque que leurs têtes sont meurtries du côté gauche ;
ceux au contraire qui remontent ont la tête froissée du côté droit.
La cause en est sensible. Quand ils vont à la mer, il côtoient la
terre du côté gauche ; et, lorsqu'ils reviennent, ils s'approchent
du même rivage, le touchent, et s'y appuient tant qu'ils peuvent,
de peur que le courant de l'eau ne les détourne de leur route.
Quand le Nil commence à croître , l'eau se filtre à travers les
terres, et remplit les fossés et les lagunes qui sont près du
fleuve. A peine sont-ils pleins, qu'on y voit fourmiller de toutes
parts une multitude prodigieuse de petits poissons : mais quelle
est la cause vraisemblable de leur production ? Je crois la
connaître. Lorsque le Nil se retire, les poissons qui, l'année
précédente, avaient déposé leurs oeufs dans le limon, se retirent
aussi avec les dernières eaux. L'année révolue, lorsque le Nil
vient de nouveau à se déborder, ces oeufs commencent aussitôt
à éclore, et à devenir de petits poissons.
|
|