Texte grec :
[1,30] XXX. αὐτῶν δὴ ὦν τούτων καὶ τῆς θεωρίης ἐκδημήσας ὁ Σόλων εἵνεκεν ἐς
Αἴγυπτον ἀπίκετο παρὰ Ἄμασιν καὶ δὴ καὶ ἐς Σάρδις παρὰ Κροῖσον. ἀπικόμενος
δὲ ἐξεινίζετο ἐν τοῖσι βασιληίοισι ὑπὸ τοῦ Κροίσου· μετὰ δὲ ἡμέρῃ τρίτῃ ἢ
τετάρτῃ κελεύσαντος Κροίσου τὸν Σόλωνα θεράποντες περιῆγον κατὰ τοὺς
θησαυρούς, καὶ ἐπεδείκνυσαν πάντα ἐόντα μεγάλα τε καὶ ὄλβια. (2) θεησάμενον
δέ μιν τὰ πάντα καὶ σκεψάμενον ὥς οἱ κατὰ καιρὸν ἦν, εἴρετο ὁ Κροῖσος τάδε.
"ξεῖνε Ἀθηναῖε, παρ᾽ ἡμέας γὰρ περὶ σέο λόγος ἀπῖκται πολλὸς καὶ σοφίης
εἵνεκεν τῆς σῆς καὶ πλάνης, ὡς φιλοσοφέων γῆν πολλὴν θεωρίης εἵνεκεν
ἐπελήλυθας· νῦν ὦν ἐπειρέσθαι με ἵμερος ἐπῆλθέ σε εἴ τινα ἤδη πάντων εἶδες
ὀλβιώτατον". (3) ὃ μὲν ἐλπίζων εἶναι ἀνθρώπων ὀλβιώτατος ταῦτα ἐπειρώτα·
Σόλων δὲ οὐδὲν ὑποθωπεύσας ἀλλὰ τῷ ἐόντι χρησάμενος λέγει "ὦ βασιλεῦ,
Τέλλον Ἀθηναῖον". (4) ἀποθωμάσας δὲ Κροῖσος τὸ λεχθὲν εἴρετο ἐπιστρεφέως·
"κοίῃ δὴ κρίνεις Τέλλον εἶναι ὀλβιώτατον;" ὁ δὲ εἶπε Τέλλῳ τοῦτο μὲν τῆς πόλιος
εὖ ἡκούσης παῖδες ἦσαν καλοί τε κἀγαθοί, καί σφι εἶδε ἅπασι τέκνα ἐκγενόμενα
καὶ πάντα παραμείναντα· τοῦτο δὲ τοῦ βίου εὖ ἥκοντι, ὡς τὰ παρ᾽ ἡμῖν, τελευτὴ
τοῦ βίου λαμπροτάτη ἐπεγένετο· (5) γενομένης γὰρ Ἀθηναίοισι μάχης πρὸς τοὺς
ἀστυγείτονας ἐν Ἐλευσῖνι, βοηθήσας καὶ τροπὴν ποιήσας τῶν πολεμίων
ἀπέθανε κάλλιστα, καί μιν Ἀθηναῖοι δημοσίῃ τε ἔθαψαν αὐτοῦ τῇ περ ἔπεσε καὶ
ἐτίμησαν μεγάλως".
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Traduction française :
[1,30] XXX. Solon étant donc sorti d'Athènes par ce motif, et pour s'instruire des coutumes
des peuples étrangers, alla d'abord en Égypte, à la cour d'Amasis, et de là à Sardes, à
celle de Crésus, qui le reçut avec distinction et le logea dans son palais. Trois ou
quatre jours après son arrivée, il fut conduit par ordre du prince dans les trésors,
dont on lui montra toutes les richesses. Quand Solon les eut vues et suffisamment
considérées, le roi lui parla en ces termes : « Le bruit de votre sagesse et de vos
voyages est venu jusqu'à nous, et je n'ignore point qu'en parcourant tant de pays
vous n'avez eu d'autre but quo de vous instruire de leurs lois et de leurs usages, et de
perfectionner vos connaissances. Je désire savoir quel est l'homme le plus heureux
que vous ayez vu.» Il lui faisait cette question, parce qu'il se croyait lui-même le plus
heureux de tous les hommes. « C'est, Tellus d'Athènes, » lui dit Solon sans le flatter,
et sans lui déguiser la vérité. Crésus, étonné de cette réponse : « Sur quoi donc, lui
demanda-t-il avec vivacité, estimez-vous Tellus si heureux ? - Parce qu'il a vécu dans
une ville florissante, reprit Solon, qu'il a eu des enfants beaux et vertueux, que
chacun d'eux lui a donné des petits-fils qui tous lui ont survécu, et qu'enfin, après
avoir joui d'une fortune considérable relativement à celles de notre pays, il a terminé
ses jours d'une manière éclatante : car, dans un combat des Athéniens contre leurs
voisins à Éleusis, il secourut les premiers, mit en fuite les ennemis, et mourut
glorieusement. Les Athéniens lui érigèrent un monument aux frais du public dans
l'endroit même où il était tombé mort, et lui rendirent de grands honneurs. »
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