Texte grec :
[1,174] CLXXIV. οἱ μέν νυν Κᾶρες οὐδὲν λαμπρὸν ἔργον ἀποδεξάμενοι ἐδουλώθησαν ὑπὸ
Ἁρπάγου, οὔτε αὐτοὶ οἱ Κᾶρες ἀποδεξάμενοι οὐδέν, οὔτε ὅσοι Ἑλλήνων ταύτην
τὴν χώρην οἰκέουσι? (2) οἰκέουσι δὲ καὶ ἄλλοι καὶ Λακεδαιμονίων ἄποικοι Κνίδιοι.
οἳ τῆς χώρης τῆς σφετέρης τετραμμένης ἐς πόντον, τὸ δὴ Τριόπιον καλέεται,
ἀργμένης δὲ ἐκ τῆς Χερσονήσου τῆς Βυβασσίης, ἐούσης τε πάσης τῆς Κνιδίης
πλὴν ὀλίγης περιρρόου (3) (τὰ μὲν γὰρ αὐτῆς πρὸς βορέην ἄνεμον ὁ Κεραμεικὸς
κόλπος ἀπέργει, τὰ δὲ πρὸς νότον ἡ κατὰ Σύμην τε καὶ ?Ρόδον θάλασσα), τὸ ὦν
δὴ ὀλίγον τοῦτο, ἐὸν ὅσον τε ἐπὶ πέντε στάδια, ὤρυσσον οἱ Κνίδιοι ἐν ὅσῳ
Ἅρπαγος τὴν Ἰωνίην κατεστρέφετο, βουλόμενοι νῆσον τὴν χώρην ποιῆσαι. ἐντὸς
δὲ πᾶσά σφι ἐγίνετο? τῇ γὰρ ἡ Κνιδίη χώρη ἐς τὴν ἤπειρον τελευτᾷ, ταύτῃ ὁ
ἰσθμός ἐστι τὸν ὤρυσσον. (4) καὶ δὴ πολλῇ, χειρὶ ἐργαζομένων τῶν Κνιδίων,
μᾶλλον γάρ τι καὶ θειότερον ἐφαίνοντο τιτρώσκεσθαι οἱ ἐργαζόμενοι τοῦ οἰκότος
τά τε ἄλλα τοῦ σώματος καὶ μάλιστα τὰ περὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς θραυομένης τῆς
πέτρης, ἔπεμπον ἐς Δελφοὺς θεοπρόπους ἐπειρησομένους τὸ ἀντίξοον. (5) ἡ δὲ
Πυθίη σφι, ὡς αὐτοὶ Κνίδιοι λέγουσι, χρᾷ ἐν τριμέτρῳ τόνῳ τάδε.
Ἰσθμὸν δὲ μὴ πυργοῦτε μηδ? ὀρύσσετε?
Ζεὺς γάρ κ? ἔθηκε νῆσον, εἴ κ? ἐβούλετο.
(6) Κνίδιοι μὲν ταῦτα τῆς Πυθίης χρησάσης τοῦ τε ὀρύγματος ἐπαύσαντο καὶ
Ἁρπάγῳ ἐπιόντι σὺν τῷ στρατῷ ἀμαχητὶ σφέας αὐτοὺς παρέδοσαν.
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Traduction française :
[1,174] CLXXIV. Les Cariens furent réduits en servitude par Harpage, sans avoir rien fait de
mémorable. Ils ne furent pas les seuls. Tous les Grecs qui habitent ce pays ne se
distinguèrent pas davantage. On compte parmi eux les Cnidiens, colonie de
Lacédémone. Leur pays, qu'on appelle Triopium, regarde la mer. La Bybassie
commence à la péninsule ; et toute la Cnidie, si l'on en excepte un petit espace, est
environnée par la mer : au nord, par le golfe Céramique ; au midi, par la mer de
Syme et de Rhodes. C'est ce petit espace, qui n'a environ que cinq stades d'étendue,
que les Cnidiens, voulant faire de leur pays une île, entreprirent de creuser pendant
qu'Harpage était occupé à la conquête de l'Ionie ; car tout leur territoire était en
dedans de l'isthme, et ne tenait au continent que par cette langue de terre qu'ils
voulaient couper. Ils employèrent un grand nombre de travailleurs ; mais les éclats
de pierre les blessant en différents endroits, et principalement aux yeux, d'une
manière si extraordinaire qu'il paraissait bien qu'il y avait l'a quelque chose de divin,
ils envoyèrent demander à Delphes quelle était la puissance qui s'opposait à leurs
efforts. La Pythie, comme les Cnidiens le disent eux-mêmes, leur répondit en ces
termes, en vers trimètres : « Ne fortifiez pas l'isthme, et ne le creusez pas. Jupiter
aurait fait une île de votre pays, si c'eût été sa volonté. » Sur cette réponse de la
Pythie, les Cnidiens cessèrent de creuser ; et, lorsque Harpage se présenta avec son
armée, ils se rendirent sans combattre.
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