Texte grec :
[8,8] Ἡκούσης δὲ τῆς κυρίας ὁ Θέρσανδρος εἶπεν ὧδε· "Οὐκ οἶδα
τίνος ἄρξωμαι λόγου καὶ πόθεν, οὐδὲ τίνων κατηγορήσω πρῶτον καὶ
τίνων δεύτερον. τά τε γὰρ τετολμημένα πολλὰ ὑπὸ πολλῶν, καὶ
οὐδὲν οὐδενὸς τῷ μεγέθει δεύτερον. πάντα δὲ ἀλλήλων γυμνά, καὶ
ἔστιν ὧν οὐδ´ ἂν ἅψαιμι κατηγορῶν. ἅτε γὰρ τῆς ψυχῆς κρατούσης
φοβοῦμαι μὴ ἀτελής μοι ὁ λόγος γένηται, τῆς τῶν ἄλλων μνήμης
τὴν γλῶτταν ἐφ´ ἕκαστον ἑλκούσης. ἡ γὰρ εἰς τὸ μήπω λεχθὲν ἔπειξις
τοῦ λόγου τὸ ὁλόκληρον τῶν ἤδη λεχθέντων παραιρεῖται.
ὅταν μὲν γὰρ φονεύωσι τοὺς ἀλλοτρίους οἰκέτας οἱ μοιχοί, μοιχεύωσι δὲ
τὰς ἀλλοτρίας γυναῖκας οἱ φονεῖς, λύωσι δ´ ἡμῖν τὰς θεωρίας οἱ
πορνοβοσκοί, τὰ δὲ σεμνότατα τῶν ἱερῶν μιαίνωσιν αἱ πόρναι, τὰς
ἡμέρας λογιζόμεναι ταῖς δούλαις καὶ τοῖς δεσπόταις, τί δράσειέ τις
ἔτι, τῆς ἀνομίας ὁμοῦ καὶ μοιχείας καὶ ἀσεβείας καὶ μιαιφονίας κεκερασμένης;
κατεγνώκατέ τινος θάνατον ἐφ´ αἷς δή ποτ´ οὖν αἰτίαις
(οὐδὲν γὰρ διαφέρει) καὶ δεδεμένον εἰς τὸ δεσμωτήριον ἀπεστείλατε
φυλαχθησόμενον τῇ καταδίκῃ· οὗτος δὲ παρέστηκεν ὑμῖν, ἀντὶ τῶν
δεσμῶν λευκὴν ἠμφιεσμένος στολήν, καὶ ἐν τῇ τάξει τῶν ἐλευθέρων
ἕστηκεν ὁ δεσμώτης. τάχα δὲ τολμήσει καὶ φωνὴν ἀφεῖναι καὶ ἐπιρρητορεῦσαί
τι κατ´ ἐμοῦ, μᾶλλον δὲ καθ´ ὑμῶν καὶ τῆς ὑμετέρας
ψήφου. λέγε δὲ ὧδε τῶν προέδρων καὶ τῶν συμβούλων τὸ δόγμα.
— Ἀκούετε καθάπερ ἐψηφίσασθε καὶ τὴν περὶ τούτου μοι γραφήν·
ἔδοξεν ἀποθνῄσκειν Κλειτοφῶντα. ποῦ τοίνυν ὁ δήμιος; ἀπαγέτω
τοῦτον λαβών. δὸς ἤδη τὸ κώνειον. ἤδη τέθνηκε τοῖς νόμοις·
κατάδικός ἐστιν ὑπερήμερος. τί λέγεις, ὦ σεμνότατε καὶ κοσμιώτατε
ἱερεῦ; ἐν ποίοις ἱεροῖς γέγραπται νόμοις τοὺς ὑπὸ τῆς βουλῆς καὶ
τῶν πρυτάνεων κατεγνωσμένους καὶ θανάτοις καὶ δεσμοῖς παραδοθέντας
ἐξαρπάζειν τῆς καταδίκης καὶ τῶν δεσμῶν ἀπολύειν καὶ
κυριώτερον σαυτὸν ποιεῖν τῶν προέδρων καὶ τῶν δικαστηρίων;
ἀνάστηθι τοῦ θώκου, πρόεδρε, παραχώρησον τῆς ἀρχῆς αὐτῷ καὶ τοῦ
δικαστηρίου. οὐκέτι οὐδενὸς εἶ κύριος· οὐδὲν ἔξεστί σοι κατὰ τῶν
πονηρῶν ψηφίσασθαι, καὶ σήμερον ὅ τι δόξει λύεται. τί ἕστηκας,
ἱερεῦ, σὺν ἡμῖν ὡς τῶν πολλῶν εἷς; ἀνάβηθι καὶ κάθισον ἐν τῷ
τοῦ προέδρου θρόνῳ, καὶ σὺ δίκαζε λοιπὸν ἡμῖν, μᾶλλον δὲ κέλευε
τυραννικῶς· μηδὲ ἀναγινωσκέσθω σοί τις νόμος μηδὲ γνῶσις δικαστηρίου,
μήθ´ ὅλως ἄνθρωπον σεαυτὸν ἡγοῦ. μετὰ τῆς Ἀρτέμιδος
προσκυνοῦ· καὶ γὰρ τὴν ἐκείνης τιμὴν ἐξήρπασας. αὐτῇ μόνῃ τοὺς
ἐπ´ αὐτὴν καταφεύγοντας ἔξεστι σώζειν, καὶ ταῦτα πρὸ δικαστηρίου
γνώσεως· δεδεμένον δὲ οὐδένα λέλυκεν ἡ θεός, οὐδὲ θανάτῳ παραδοθέντα
ἠλευθέρωσε τῆς τιμωρίας. τῶν δυστυχούντων εἰσίν, οὐ τῶν
ἀδικούντων οἱ βωμοί. σὺ δὲ καὶ τοὺς δεθέντας ἐλευθεροῖς καὶ
τοὺς καταδίκους ἀπολύεις· οὕτως παρευδοκίμησας καὶ τὴν Ἄρτεμιν.
τίς ᾤκησεν ἀντὶ δεσμωτηρίου τὸ ἱερόν; φονεὺς καὶ μοιχὸς παρὰ τῇ
καθαρᾷ θεῷ· οἴμοι μοιχὸς παρὰ τῇ παρθένῳ. συνῆν δὲ αὐτῷ καὶ
γυνή τις ἀκόλαστος, ἀποδρᾶσα τοῦ δεσπότου. καὶ γὰρ ταύτην,
ὡς εἴδομεν, ὑπεδέχου, καὶ μία γέγονεν αὐτοῖς ἑστία παρὰ σοὶ καὶ
συμπόσιον· τάχα δὲ καὶ συνεκάθευδες, ἱερεῦ· οἴκημα τὸ ἱερὸν ἐποίησας.
ἡ τῆς Ἀρτέμιδος οἰκία μοιχῶν γέγονε καὶ πόρνης θάλαμος.
ταῦτα μόλις ἐν χαμαιτυπείῳ γίνεται. εἷς μὲν δή μοι λόγος οὗτος
κατ´ ἀμφοῖν· τὸν μέντοι ἀξιῶ τῆς αὐθαδείας δοῦναι τιμωρίαν, τὸν δὲ
ἀποδοθῆναι κελεῦσαι τῇ καταδίκῃ. δεύτερος δέ ἐστί μοι πρὸς Μελίτην
μοιχείας ἀγών, πρὸς ἣν οὐδὲν δέομαι λόγων· ἐν γὰρ τῇ τῶν θεραπαινῶν
βασάνῳ τὴν ἐξέτασιν γενέσθαι δέδοκται. ταύτας οὖν αἰτῶ, αἳ
κἂν βασανιζόμεναι φήσωσιν οὐκ εἰδέναι τοῦτον τὸν κατάδικον χρόνῳ
πολλῷ συνόντα αὐτῇ καὶ ἐν ἀνδρὸς χώρᾳ ἐν τῇ οἰκίᾳ τῇ ἐμῇ, οὐκ ἐν
μοιχοῦ μόνον, καθεστηκότα, πάσης αἰτίας αὐτὴν ἀφίημι. ἂν τοίνυν
τοὐναντίον, τὴν μὲν κατὰ τὸν νόμον ἀφεῖσθαι τῆς προικός φημι δεῖν
ἐμοί, τὸν δὲ ὑποσχεῖν τὴν ὀφειλομένην τοῖς μοιχοῖς τιμωρίαν· θάνατος
δέ ἐστιν αὕτη· ὥστε ὁποτέρως ἂν οὗτος ἀποθάνῃ, ὡς μοιχὸς ἢ ὡς
φονεύς, ἀμφοτέροις ἔνοχος ὤν, δίκην δεδωκὼς οὐ δέδωκεν· ἀποθανὼν
γὰρ ὀφείλει θάνατον ἄλλον. ὁ δέ μοι τρίτος τῶν λόγων πρὸς τὴν
δούλην ἐστὶ τὴν ἐμὴν καὶ τὸν σεμνὸν τοῦτον πατρὸς ὑποκριτήν, ὃν
εἰς ὕστερον, ὅταν τούτων καταψηφίσησθε, ταμιεύσομαι." ὁ μὲν δὴ
ταῦτα εἰπὼν ἐπαύσατο.
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Traduction française :
[8,8] Le moment venu, Thersandre commença de la
sorte : « Je ne sais par quel argument commencer, ni
quelle accusation formuler la première et quelle autre la
seconde. Car de nombreux actes criminels ont été commis
par plusieurs personnes, et tous plus graves les uns que
les autres; tous sont indépendants les uns des autres et il
en est que je ne pourrai comprendre dans mon accusation.
Bien que mon esprit les possède tous, je crains que mon
discours ne vous semble incohérent, le souvenir des uns
entraînant ma langue vers un autre. Ma hâte de dire ce
qui n'a pas encore été exposé diminuera l'effet de l'ensemble
de ce qui aura été dit. Lorsque des adultères se
mettent à assassiner les domestiques des autres, que les
meurtriers commettent l'adultère avec les femmes des
autres, que des marchands de femmes viennent interrompre
les sacrifices officiels, que des prostituées souillent
nos sanctuaires les plus sacrés, qu'il se trouve quelqu'un
pour fixer un jour où l'on aura à juger entre des esclaves
et leur maître, quel crime peut-on commettre encore,
alors que l'illégalité, l'adultère, l'impiété, l'assassinat se
trouvent ici rassemblés ?
Vous avez condamné un homme à mort, pour quelles
raisons, peu importe ici, vous l'avez renvoyé, enchaîné,
à la prison, pour y être gardé jusqu'à l'exécution; et cet
homme, le voici devant vous; au lieu de chaînes, il
porte une robe blanche, et il se trouve dans les rangs des
hommes libres, lui, un prisonnier d'État. Peut-être
aura-t-il même l'audace de prendre la parole et de prononcer
quelque discours accusateur contre moi, ou plutôt contre vous
et contre la sentence que vous avez prononcée.
Lis, greffier, la sentence des juges et de leurs assesseurs.
(Le greffier lit la sentence.)
Vous entendez ce que vous avez décidé, et la sentence
que vous avez portée, en ma faveur, contre cet homme.
La décision a été prise de mettre Clitophon à mort. Où
donc est le bourreau ? Qu'il le prenne et l'emmène.
Donnez-lui immédiatement le poison. Il est déjà légalement
mort : c'est un condamné en sursis.
Que viens-tu nous dire, très vénéré et très auguste
prêtre ? Dans quelles lois sacrées est-il écrit que les
personnes condamnées par le Conseil et les Prytanes,
livrées au bourreau et déjà enchaînées, devaient être
soustraites à l'exécution et délivrées de leurs liens, et
que tu devais avoir des pouvoirs supérieurs à ceux des
présidents de tribunal et des tribunaux eux-mêmes ?
Descends de ton estrade, Président, cède-lui ton autorité
et la conduite des débats; tu n'as plus aucun pouvoir;
il ne t'est plus permis de prononcer une sentence contre
des criminels, et, aujourd'hui, toute décision prise par
toi et cassée. Pourquoi rester là parmi nous, prêtre,
dans la foule ? Monte sur l'estrade, prends place sur le
trône du président, et sois dorénavant notre juge, ou
plutôt donne des ordres, selon ton bon plaisir; ne te fais
lire ni les lois ni les décisions des tribunaux, considère
que personne ne saurait être ton égal. Que l'on se prosterne
devant toi comme devant Artémis, car ce sont
ses honneurs à elle que tu as usurpés. C'est elle seule qui
a le pouvoir de sauver ceux qui cherchent asile auprès
d'elle. Et cela, avant le verdict. Jamais la déesse n'a délié
un prisonnier enchaîné, jamais elle n'a soustrait au châtiment
quelqu'un que l'on avait livré au bourreau. Ce
sont les malheureux, et non les criminels, à qui appartiennent
ses autels. Et toi, tu vas jusqu'à libérer des
prisonniers enchaînés, et tu absous des condamnés ?
Ainsi, tu prétends avoir le pas même sur Artémis.
Qui donc a ainsi changé de demeure, et a remplacé
la prison par le temple ? Un meurtrier, un adultère,
chez la déesse immaculée! Hélas, un adultère chez la
déesse vierge! Et il y avait avec lui une femme sans
pudeur, une esclave qui avait fui son maître. Et c'est
celle-là, nous l'avons vu, que tu as accueillie, c'est avec
eux que tu as partagé ton foyer, avec eux que tu as bu,
et peut-être que tu as dormi, prêtre, transformant le
sanduaire en maison louche! La demeure d'Artémis est
devenue la chambre d'un adultère et d'une prostituée!
Mais on ne voit même pas cela dans un mauvais lieu!
Je n'ai donc qu'une seule accusation à formuler contre
ces deux-là : je demande que le-premier soit puni pour
abus de pouvoir, et que l'autre reçoive l'ordre de se
livrer pour l'exécution de la sentence.
J'ai un second procès, en adultère, celui-là, contre
Mélitté. Et je n'ai pas besoin de longs discours contre
elle. Il a déjà été décidé par vous que l'enquête serait
fondée sur la mise à la question des servantes. Je les
réclame donc. Et si, sous la torture, elles déclarent ne
pas savoir que ce condamné a vécu longtemps avec elle
et tenait dans ma propre maison la place d'un mari, et
non celle d'un simple amant, je retirerai ma plainte.
Mais si c'est le contraire qui arrive, je prétends que,
conformément à la loi, elle doit perdre sa dot, à mon
bénéfice, et que son complice doit subir le châtiment
prévu pour les adultères, et qui est la mort. Aussi,
pour quelque raison qu'il meure, ou comme adultère
ou comme meurtrier, et il mérite deux fois la peine de
mort, l'exécution de l'une des deux peines le soustraira
à l'autre; en mourant, il y gagnera une mort!
Ma troisième accusation porte contre cette esclave,
qui m'appartient, et son prétendu vénérable père. Mais
je la soutiendrai plus tard, lorsque vous aurez rendu votre
verdict contre les autres. » Et, après ces paroles, il se tut.
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