HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre VIII

οὐ



Texte grec :

[8,16] "Γυναῖκα," ἔφη, "κακοδαίμονα ἐξαπατήσαντες οἱ λῃσταὶ τῶν ἐπὶ μισθῷ πωλουσῶν τὰ Ἀφροδίτης ὡς δὴ ναυκλήρῳ τινὶ γυναῖκα συνεσομένην ἐπὶ τοῦ σκάφους, ταύτην εἶχον ἐπὶ τῆς νεώς, ἀγνοοῦσαν τὴν ἀλήθειαν ἐφ´ ᾧ παρῆν, ὑπομένουσαν δὲ ἡσυχῇ σύν τινι τῶν πειρατῶν· λόγῳ δ´ ἦν ἐραστὴς ὁ λῃστής. ἐπεὶ δὲ ἁρπάσαντές με, ὡς εἶδες, ἐνέθεσαν τῷ σκάφει καὶ πτερώσαντες αὐτὸ ταῖς κώπαις ἔφυγον, ὁρῶντες τὴν διώκουσαν ναῦν φθάνουσαν, περιελόντες τόν τε κόσμον καὶ τὴν ἐσθῆτα τῆς ταλαιπώρου γυναικὸς ἐμοὶ περιτιθέασι, τοὺς δὲ ἐμοὺς χιτωνίσκους ἐκείνῃ· καὶ στήσαντες αὐτὴν ἐπὶ τῆς πρύμνης, ὅθεν διώκοντες ὄψεσθε, τὴν κεφαλὴν ἀποτέμνουσιν αὐτῆς, καὶ τὸ μὲν σῶμα ἔρριψαν, ὡς εἶδες, κατὰ τῆς θαλάσσης, τὴν δὲ κεφαλήν, ὡς ἔπεσεν, εἶχον ἐπὶ τῆς νεὼς τότε. μικρὸν γὰρ ὕστερον καὶ ταύτην ἀποσκευάσαντες ἔρριψαν ὁμοίως, ὅτε μηκέτι τοὺς διώκοντας εἶχον. οὐκ οἶδα δὲ πότερον τούτου χάριν προπαρασκευάσαντες ἔτυχον τὴν γυναῖκα ἢ διεγνωκότες ἀνδραποδίσαντες πωλῆσαι, ὥσπερ ὕστερον πεπράκασι κἀμέ· τῷ δὲ διώκεσθαι πρὸς ἀπάτην τῶν διωκόντων ἀντ´ ἐμοῦ σφάττουσι, νομίζοντες πλέον ἐμπολήσειν ἐκ τῆς ἐμῆς πράσεως ἢ τῆς ἐκείνης. διὰ τοῦτο γὰρ καὶ τὸν Χαιρέαν τὴν ἀξίαν δόντα δίκην ἐπεῖδον· αὐτὸς γὰρ ἦν ὁ συμβουλεύσας ἀντ´ ἐμοῦ τὴν ἄνθρωπον ἀποκτείναντας ῥῖψαι. ὁ δὲ λοιπὸς τῶν λῃστῶν ὄχλος οὐκ ἔφασάν με αὐτῷ ἀφήσειν μόνῳ· φθάνειν γὰρ ἤδη λαβόντα σῶμα ἕτερον, ὃ πραθὲν ἂν παρέσχεν αὐτοῖς ἀφορμὴν κέρδους· δεῖν δὲ ἀντὶ τῆς θανούσης ἐμὲ πραθεῖσαν κοινὴν ἅπασιν αὐτοῖς γενέσθαι μᾶλλον ἢ ἐκείνῳ μόνῳ. ὡς δὲ ἀντέλεγε, δικαιολογούμενος δῆθεν καὶ τὰς συνθήκας προφέρων, ὡς οὐκ εἰς πρᾶσιν ἁρπάσειεν αὐτοῖς, ἀλλ´ ἐρωμένην αὑτῷ, καί τι θρασύτερον εἶπε, τὶς τῶν λῃστῶν, καλῶς ποιῶν, ὄπισθεν ἑστὼς ἀποκόπτει τὴν κεφαλὴν αὐτοῦ. ὁ μὲν οὖν δίκην οὐ μεμπτὴν δοὺς τῆς ἁρπαγῆς ἔρριπτο καὶ αὐτὸς κατὰ τῆς θαλάσσης· οἱ δὲ λῃσταί, δύο πλεύσαντες ἡμερῶν, ἄγουσί με οὐκ οἶδ´ ὅποι γε καὶ πιπράσκουσιν ἐμπόρῳ συνήθει, κἀκεῖνος Σωσθένει."

Traduction française :

[8,16] « C'était une malheureuse, commença-t-elle, de ces femmes qui font commerce de l'amour et que les pirates avaient réussi à tromper et à entraîner à leur bord, sous prétexte d'y être l'amie d'un marchand qui s'y trouvait. Ils l'avaient ainsi sur le bateau, et elle y faisait l'amour sans se douter de rien avec l'un des pirates, qui prétendait l'aimer. Lorsqu'ils m'eurent enlevée, comme tu l'as vu, et mise à bord de leur bateau, et qu'ils se furent enfuis de toute la vitesse de leurs rames, ils s'aperçurent que le navire qui les poursuivait allait les rattraper; alors ils dépouillèrent la malheureuse femme de ses bijoux et de ses vêtements et m'en revêtirent, puis ils l'affublèrent de mes habits. Ensuite ils la firent monter sur la proue, pour que vous puissiez bien la voir, vous qui nous poursuiviez, et lui coupèrent la tête. Après quoi ils jetèrent le corps dans la mer, comme tu l'as vu, conservant, pour le moment, la tête sur le bateau. Peu après, ils s'en débarrassèrent également, lorsqu'ils ne furent plus poursuivis. Je ne sais pas si c'était la raison pour laquelle ils avaient cette femme à leur bord ou s'ils avaient l'intention de l'enlever et de la vendre comme esclave, comme ils me vendirent plus tard moi aussi. En tout cas ils l'égorgèrent à ma place lorsqu'ils furent poursuivis, pour donner le change aux poursuivants, et parce qu'ils pensaient qu'ils tireraient un meilleur profit de ma vente que de la sienne. Et c'est la raison pour laquelle je vis Chaeréas puni comme il le méritait; car c'était lui qui avait donné le conseil de tuer la femme à ma place et de la jeter par-dessus bord. Le reste de la bande refusa formellement de me laisser à lui seul; il avait déjà, disaient-ils, eu en partage une autre prisonnière, dont la vente, si elle avait eu lieu, leur aurait rapporté gros; il fallait par conséquent que je sois vendue à la place de la morte pour que tous en bénéficient, et non pas lui seul. Il refusa, invoquant le droit et disant que leurs conventions n'étaient pas que l'on m'enlèverait pour être vendue à leur profit, mais comme sa maîtresse à lui; il fut insolent et l'un des pirates — il avait bien raison — passa derrière lui et lui coupa la tête. Il reçut ainsi le châtiment qu'il avait si richement mérité pour m'avoir enlevée et son corps fut, à son tour, jeté à la mer. Quant aux brigands, après deux jours de navigation, ils m'emmenèrent je ne sais plus où et me vendirent à leur marchand ordinaire, et celui-ci à Sosthénès. »





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Dernière mise à jour : 20/12/2006