Texte grec :
[8,17] Λέγει δὴ καὶ ὁ Σώστρατος· "Ἐπεὶ τοίνυν τοὺς ὑμετέρους
μύθους, ὦ παιδία, κατελέξατε, φέρε ἀκούσατε," ἔφη, "καὶ παρ´
ἐμοῦ τὰ οἴκοι πραχθέντα περὶ Καλλιγόνην τὴν σήν, ὦ Κλειτοφῶν,
ἀδελφήν, ἵνα μὴ ἀσύμβολος ὦ μυθολογίας παντάπασι." κἀγὼ
ἀκούσας τὸ τῆς ἀδελφῆς ὄνομα πάνυ τὴν γνώμην ἐπεστράφην καί,
"Ἄγε, πάτερ," εἶπον, "λέγε· μόνον περὶ ζώσης λέγοις." ἄρχεται
δὴ λέγειν ἃ φθάνω προειρηκὼς ἅπαντα, τὸν Καλλισθένην, τὸν χρησμόν,
τὴν θεωρίαν, τὸν λέμβον, τὴν ἁρπαγήν. εἶτα προσέθηκεν ὅτι
"Μαθὼν κατὰ τὸν πλοῦν ὡς οὐκ εἴη θυγάτηρ ἐμή, διημαρτηθείη δὲ
τὸ πᾶν ἔργον αὐτῷ, ἤρα δὲ ὅμως καὶ σφόδρα τῆς Καλλιγόνης. προσπεσὼν
αὐτῆς τοῖς γόνασι, ‘Δέσποινα,’ εἶπε, ‘μή με νομίσῃς λῃστὴν
εἶναί τινα καὶ κακοῦργον· ἀλλὰ γάρ εἰμι τῶν εὖ γεγονότων, γένει
Βυζάντιος, δεύτερος οὐδενός. ἔρως δέ με λῃστείας ὑποκριτὴν πεποίηκε
καὶ ταύτας ἐπὶ σοὶ πλέξαι τὰς τέχνας. δοῦλον οὖν με σεαυτῆς
ἀπὸ ταύτης τῆς ἡμέρας νόμιζε. καί σοι προῖκα ἐπιδίδωμι, τὸ μὲν
πρῶτον ἐμαυτόν, ἔπειτα ὅσην οὐκ ἂν ὁ πατὴρ ἐπέδωκέ σοι. τηρήσω
δέ σε παρθένον μέχριπερ ἂν σοὶ δοκῇ.’ καὶ ταῦτα εἰπὼν καὶ ἔτι
τούτων πλείονα εὐαγωγοτέραν τὴν κόρην αὐτῷ γενέσθαι παρεσκεύασεν.
ἦν δὲ καὶ ὀφθῆναι καλὸς καὶ στωμύλος καὶ πιθανώτατος· καὶ
ἐπειδὴ ἧκεν εἰς τὸ Βυζάντιον, συμβόλαιον ποιησάμενος προικὸς μεγίστης
καὶ τὰ ἄλλα πολυτελῶς παρασκευάσας, ἐσθῆτά τε καὶ χρυσὸν
καὶ ὅσα εἰς κόσμον γυναικῶν εὐδαιμόνων, περιεῖπεν εὖ καὶ καλῶς,
ἄχραντον τηρῶν, ὡς ἐπηγγείλατο· ὥστε καὶ αὐτὴν ᾑρήκει τὴν κόρην
ἤδη. ὁ δὲ καὶ τὰ ἄλλα πάντα παρεῖχεν ἑαυτὸν κοσμιώτατον καὶ
ἐπιεικῆ καὶ σώφρονα, καὶ ἦν τις ἐξαίφνης περὶ τὸν νεανίσκον θαυμαστὴ
μεταβολή. ἕδρας τε γὰρ ἐξανίστατο τοῖς πρεσβυτέροις καὶ
ἐπεμελεῖτο φθάνειν προσαγορεύων τοὺς ἐντυγχάνοντας, καὶ τὸ τέως
ἄκριτον πολυτελὲς ἐκ τῆς πρὶν ἀσωτίας εἰς τὸ εὔβουλον μεταπίπτον,
τὸ μεγαλόφρον ἐφύλαττε πρὸς τοὺς ἐν χρείᾳ τοῦ λαβεῖν διὰ πενίαν
ὄντας· ὥστε θαυμάζειν ἅπαντας τὸ αἰφνίδιον οὕτως ἐκ τοῦ χείρονος
εἰς τὸ πάνυ χρηστὸν μετελθόν. ἐμὲ δ´ οὖν ᾑρήκει πάντων μᾶλλον,
καὶ ὑπερηγάπων αὐτὸν καὶ τὴν πρὶν ἀσωτίαν φύσεως ἐνόμιζον εἶναι
θαυμαστὴν μεγαλουργίαν, ἀλλ´ οὐκ ἀκρασίαν. κἀμὲ οὖν ὑπεισῄει
τὸ τοῦ Θεμιστοκλέους, ὅτι κἀκεῖνος τὴν πρώτην ἡλικίαν σφόδρα
δόξας ἀκόλαστος εἶναι πάντας ὑπερέβαλεν Ἀθηναίους ὕστερον σοφίᾳ
τε καὶ ἀνδραγαθίᾳ. καὶ δὴ μετενόουν ἀποσκορακίσας αὐτόν, ὅτε μοι
περὶ τοῦ τῆς θυγατρὸς διελέχθη γάμου· καὶ γάρ με σφόδρα ἐθεράπευε
καὶ ἐκάλει πατέρα καὶ κατὰ τὴν ἀγορὰν ἐδορυφόρει καὶ τῶν εἰς
πόλεμον γυμνασίων οὐκ ἠμέλει, ἀλλὰ καὶ πάνυ ἐρρωμένως ἐν ταῖς
ἱππασίαις διέπρεπεν. ἦν μὲν οὖν καὶ παρὰ τὸν τῆς ἀσωτίας χρόνον
τούτοις χαίρων καὶ χρώμενος, ἀλλ´ ὡς ἐν τρυφῇ καὶ παιδιᾷ· τὸ δὲ
ἀνδρεῖον ὅμως αὐτῷ καὶ τὸ ἔμπειρον λεληθότως ἐτρέφετο. τέλεον δὲ
ἦν αὐτῷ τὸ ἔργον πρὸς τὸ καρτερῶς καὶ ποικίλως διαπρέπειν ἐν τοῖς
πολεμικοῖς. ἐπεδίδου δὲ καὶ χρήματα ἱκανὰ τῇ πόλει. κἀκεῖνον
ἅμα ἐμοὶ στρατηγὸν προεβάλοντο· ὅθεν ἔτι μᾶλλον ὑπερησπάζετό
με, ὑπήκοόν μοι κατὰ πάντα παρέχων ἑαυτόν."
|
|
Traduction française :
[8,17] Alors Sostratos reprit : « Maintenant que vous
avez fini, mes enfants, de me raconter vos histoires,
écoutez que je vous apprenne ce qui s'est passé chez
nous au sujet de Calligoné, ta soeur, Clitophon, afin que
je ne sois pas sans avoir apporté ma contribution à vos
récits. » En entendant prononcer le nom de ma soeur,
je devins tout attention et : « Oui, père, fis-je, raconte-nous,
mais ton récit puisse-t-il concerner une vivante! »
Il commença par raconter tout ce que j'ai déjà exposé,
l'histoire de Callisthènes, de l'oracle, de l'ambassade
sacrée, de la chaloupe et de l'enlèvement. Puis il continua :
Apprenant, au cours de la traversée, que ce n'était
pas ma fille et qu'il s'était trompé, Callisthènes n'en
resta pas moins vivement épris de Calligoné; il se jeta
à ses genoux, et : « Ma reine, lui dit-il, ne crois pas que
je sois un pirate ni un malfaiteur. Je suis de bonne famille,
byzantin de naissance, et je ne suis inférieur à personne.
C'est l'amour qui m'a fait jouer le rôle d'un pirate et
entreprendre ce complot contre toi. A partir d'aujourd'hui,
considère-moi comme ton esclave. Et je te fais,
en présent de noces, donation, d'abord de moi-même,
ensuite d'une somme plus considérable que celle que
t'aurait donnée ton père. Et je respecterai ta virginité
aussi longtemps que tu le jugeras bon. » Grâce à ces
paroles et à beaucoup d'autres semblables, il réussit à
se concilier les bonnes grâces de la jeune fille. Car il
était bien fait, beau parleur et persuasif; puis, lorsqu'il
fut arrivé à Byzance, il lui fit donation d'une forte somme
et lui fournit splendidement vêtements, bijoux et tout
ce qui sert à orner les femmes riches; il la traita bien et
la respecta, comme il l'avait promis. Tant et si bien qu'il
s'empara de son coeur. Cependant, en toutes choses, il se
montrait bien élevé, mesuré, sage; c'était, brusquement
chez ce jeune homme, une métamorphose étonnante! Il
se levait lorsque entrait quelqu'un de plus âgé, il prenait
grand soin d'être le premier à saluer ceux qu'il rencontrait
et sa prodigalité, jusque-là sans discernement, cessa d'être
celle d'un débauché pour devenir prudente, tout en restant
généreuse envers ceux que leur pauvreté met dans
la nécessité d'accepter ce qu'on leur donne. Si bien que
tout le monde s'étonnait de ce soudain passage du pire
à quelque chose de vraiment excellent. Et moi j'étais,
de tous, le plus séduit par lui, et je lui portais une grande
affection, pensant que sa débauche avait été l'effet d'une
nature impétueuse, et non celui du vice.
Et je me rappelais l'exemple de Thémistocle qui,
lui aussi, dans sa prime jeunesse, semblait s'abandonner
aux pires excès, mais qui, plus tard, dépassa tous les
Athéniens en sagesse et en bravoure. Et je me repentais
de l'avoir éconduit lorsqu'il m'avait parlé d'épouser ma
fille. Car il avait les plus grands égards pour moi, il
m'appelait « père » et m'escortait sur la place publique.
Il ne négligeait pas de s'entraîner aux exercices
militaires et se distinguait tout particulièrement dans
l'équitation. Il y avait d'ailleurs toujours pris plaisir,
même au temps de sa vie de débauche, et l'avait pratiquée,
mais comme un luxe et un amusement. Il n'en
avait pas moins entretenu en lui-même, à son insu,
courage et pratique. Le but final de ses efforts devint
de se distinguer à la guerre par son courage et son
adresse. Il fit également don de fortes sommes à la
cité. Si bien qu'on l'élut stratège en même temps que
moi. Ce qui ne fit que renforcer son respect affectueux
à mon égard, et il se montrait, en tout, fort docile envers moi.
|
|