Texte grec :
[8,5] Κἀγὼ πάντα τὰ κατὰ τὴν ἀποδημίαν τὴν ἀπὸ Τύρου διηγοῦμαι,
τὸν πλοῦν, τὴν ναυαγίαν, τὴν Αἴγυπτον, τοὺς βουκόλους, τῆς
Λευκίππης τὴν ἀπαγωγήν, τὴν παρὰ τῷ βωμῷ πλαστὴν γαστέρα,
τὴν Μενελάου τέχνην, τὸν ἔρωτα τοῦ στρατηγοῦ καὶ τὸ Χαιρέου
φάρμακον, τὴν τῶν λῃστῶν ἁρπαγὴν καὶ τὸ τοῦ μηροῦ τραῦμα· καὶ
ἔδειξα τὴν οὐλήν. ἐπεὶ δὲ κατὰ τὴν Μελίτην ἐγενόμην, ἐξῇρον τὸ
πρᾶγμα ἐμαυτοῦ πρὸς σωφροσύνην μεταποιῶν καὶ οὐδὲν ἐψευδόμην,
τὸν Μελίτης ἔρωτα καὶ τὴν σωφροσύνην τὴν ἐμήν, ὅσον ἐλιπάρησε
χρόνον, ὅσον ἀπέτυχεν, ὅσα ἐπηγγείλατο, ὅσα ὠδύρατο· τὴν ναῦν
διηγησάμην, τὸν εἰς Ἔφεσον πλοῦν, καὶ ὡς ἄμφω συνεκαθεύδομεν,
καί, μὰ ταύτην τὴν Ἄρτεμιν, ὡς ἀπὸ γυναικὸς ἀνέστη γυνή.
ἓν μόνον παρῆκα τῶν ἐμαυτοῦ δραμάτων, τὴν μετὰ ταῦτα πρὸς Μελίτην
αἰδῶ· ἐπεὶ καὶ τὸ δεῖπνον εἶπον καὶ ὡς ἐμαυτοῦ κατεψευσάμην,
καὶ μέχρι τῆς θεωρίας τὸν λόγον συνεπέρανα, καί, "Τὰ μὲν ἐμὰ
ταῦτα," ἔφην· "τὰ δὲ Λευκίππης τῶν ἐμῶν μείζονα. πέπραται,
δεδούλευκε, γῆν ἔσκαψε, σεσύληται τῆς κεφαλῆς τὸ κάλλος· τὴν
κουρὰν ὁρᾷς." καὶ καθ´ ἕκαστον ὡς ἐγένετο διεξῄειν. κἀν τῷδε
κατὰ τὸν Σωσθένην καὶ Θέρσανδρον γενόμενος ἐξῇρον καὶ τὰ αὐτῆς
ἔτι μᾶλλον ἢ τἀμά, ἐρωτικῶς αὐτῇ χαριούμενος ἀκούοντος τοῦ πατρός·
ὡς πᾶσαν αἰκίαν ἤνεγκεν εἰς τὸ σῶμα καὶ ὕβριν πλὴν μιᾶς,
ὑπὲρ δὲ ταύτης τὰς ἄλλας πάσας ὑπέστη· "Καὶ ἔμεινε, πάτερ, τοιαύτη
μέχρι τῆς παρούσης ἡμέρας, οἵαν αὐτὴν ἐξέπεμψας ἀπὸ Βυζαντίου.
καὶ οὐκ ἐμὸν τοῦτο ἐγκώμιον, ὅτι φυγὴν ἑλόμενος οὐδὲν ἔδρασα
ὑπὲρ ὧν ἔφυγον, ἀλλ´ αὐτῆς, ὅτι καὶ ἐν μέσοις λῃσταῖς ἔμεινε παρθένος
καὶ τὸν μέγαν ἐνίκησε λῃστήν, Θέρσανδρον λέγω, τὸν ἀναίσχυντον,
τὸν βίαιον. ἐφιλοσοφήσαμεν, πάτερ, τὴν ἀποδημίαν· ἐδίωξε
γὰρ ἡμᾶς ἔρως, καὶ ἦν ἐραστοῦ καὶ ἐρωμένης φυγή· ἀποδημήσαντες
γεγόναμεν ἀλλήλων ἀδελφοί. εἴ τις ἄρα ἔστιν ἀνδρὸς παρθενία,
ταύτην κἀγὼ μέχρι τοῦ παρόντος πρὸς Λευκίππην ἔχω· ἡ μὲν γὰρ
ἤρα ἐκ πολλοῦ τοῦ τῆς Ἀρτέμιδος ἱεροῦ. δέσποινα Ἀφροδίτη,
μὴ νεμεσήσῃς ἡμῖν ὡς ὑβρισμένη. οὐκ ἠθέλομεν ἀπάτορα γενέσθαι τὸν
γάμον. πάρεστιν οὖν ὁ πατήρ· ἧκε καὶ σύ· εὐμενὴς ἡμῖν ἤδη γενοῦ."
ταῦτα ἀκούοντες ὁ μὲν ἱερεὺς ἐκεχήνει, θαυμάζων ἕκαστον τῶν
λεγομένων, ὁ δὲ Σώστρατος καὶ ἐπεδάκρυεν, εἴ ποτε κατὰ Λευκίππην
ἐγεγόνει τὸ δρᾶμα. καὶ ἐπεί ποτε ἐπαυσάμην, "Τὰ μὲν ἡμέτερα,"
εἶπον, "ἠκούσατε· ἓν δὲ αἰτῶ κἀγὼ μαθεῖν παρὰ σοῦ, ἱερεῦ,
μόνον· τί ποτέ ἐστιν ὃ τελευταῖον ἀπιὼν ὁ Θέρσανδρος κατὰ Λευκίππης
προσέθηκε, σύριγγα εἰπών;" "Ἀλλὰ σύ γε," ἔφη, "καλῶς ἀνήρου·
καὶ γὰρ εἰδότας ἡμᾶς τὰ περὶ τὴν σύριγγα τοῖς παροῦσιν οὕτως
ἁρμόσασθαι προσήκει· κἀγὼ τὸν σὸν ἀμείψομαι μῦθον εἰπών."
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Traduction française :
[8,5] Alors, je racontai tout notre voyage : notre départ
de Tyr, notre traversée, le naufrage, l'Égypte, les bouviers,
l'enlèvement de Leucippé, le ventre postiche
devant l'autel, la ruse de Ménélas, la passion du commandant,
et le philtre de Chaeréas, l'enlèvement par les
pirates, la blessure que j'avais reçue à la cuisse, et dont je
montrai la cicatrice. Lorsque j'en vins à ce qui concernait
Mélitté, j'arrangeai les choses à la gloire de ma continence,
mais sans rien dire de faux : l'amour de Mélitté,
ma propre continence, le long temps pendant lequel elle
me supplia, son échec, ses promesses, ses plaintes; je
parlai ensuite du navire, de la traversée jusqu'à Éphèse,
je dis comment nous avions partagé la même cabine et
je pris Artémis à témoin qu'en se levant, elle aurait
aussi bien pu sortir du lit d'une femme. Je n'omis qu'un
seul point de mes aventures, le scrupule que j'avais
éprouvé ensuite vis-à-vis de Mélitté; mais je racontai
aussi mon dîner, et ensuite mes aveux mensongers, et
j'allai dans mon récit jusqu'à l'arrivée de l'ambassade
sacrée, puis : « Voilà mes aventures, dis-je, mais celles
de Leucippé sont plus extraordinaires que les miennes.
Elle a été vendue comme esclave, elle a cultivé la terre,
on lui a volé la beauté de sa tête; vous voyez encore
comme on l'a rasée! » Et je racontai successivement tout
ce qui lui était arrivé. Et, lorsque j'en vins à ses rapports
avec Sosthénès et Thersandre, je mis ses aventures
encore bien plus en valeur que les miennes, voulant tout
particulièrement lui faire plaisir en présence de son père.
Je dis comment elle avait dû supporter toutes sortes
de mauvais traitements, dans son corps, et la violence,
sauf sur un seul point, et c'était pour cette raison qu'elle
avait enduré tout le reste : « Et elle est restée, père, telle,
jusqu'à ce jour, qu'elle était lorsque tu l'as fait partir
de Byzance. Et ce n'est pas là un mérite de ma part si,
après nous être enfuis, je n'ai pas fait ce pour quoi nous
nous étions enfuis, mais c'est un mérite pour elle d'être
restée vierge au milieu des pirates et d'avoir tenu bon
contre le pire de tous les pirates, je veux dire Thersandre
l'éhonté, le brutal. Nous avons sciemment, père,
préparé notre fuite; c'était l'Amour qui nous conduisait,
c'était la fuite d'un amant et d'une bien-aimée; mais,
une fois loin de notre patrie, nous sommes devenus,
l'un pour l'autre, frère et soeur. S'il existe une virginité
masculine, je l'ai conservée, moi aussi, jusqu'à ce moment
vis-à-vis de Leucippé; quant à elle, il y a longtemps
qu'elle souhaitait rencontrer le temple d'Artémis.
Madame Aphrodite, ne sois pas irritée contre nous, en
pensant que nous t'avons manqué. Nous ne voulions
pas que notre union eût lieu hors de la présence de son
père; ce père est là maintenant; viens, toi aussi, sois-nous
dorénavant favorable. »
En entendant ce récit, le prêtre était ébahi et s'étonnait
à chacun des mots que nous disions. Et Sostratos
versait des larmes chaque fois que l'action mettait en
scène Leucippé. Lorsque j'eus terminé : « Vous avez
maintenant entendu notre histoire, mais, dis-je au prêtre,
il y a une chose que je désire apprendre de toi. Que
signifie la menace que Thersandre a lancée en partant à
Leucippé lorsqu'il a parlé d'une syrinx ? Tu as raison
de me le demander, répondit le prêtre, car il convient
que nous soyons tous au courant de ce qui concerne
cette syrinx pour régler en connaissance de cause notre
conduite d'après la situation. Et, par la même occasion,
je répondrai par une histoire à celle que tu nous as contée.
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