Texte grec :
[7,3] Ὡς δὲ ἐπαύσατο, τὴν ἀντίδοσιν ᾔτει τοῦ λόγου τῶν ἀτυχημάτων,
"Λέγοις ἄν," εἰπών, "καὶ σὺ τὰ σαυτοῦ." ὁ δέ, "Βαδίζων
ἔτυχον," εἶπε, "τὴν ἐξ ἄστεος χθές· ἐποιούμην δὲ τὴν ἐπὶ Σμύρνης
ὁδόν· προελθόντι δέ μοι σταδίους τέσσαρας νεανίσκος ἐκ τῶν
ἀγρῶν προσελθὼν καὶ προσειπὼν καὶ πρὸς μικρὸν συμβαδίσας, ‘Ποῖ,’
ἔφη, ‘ἔχεις τὴν ὁδόν;’ ‘Ἐπὶ Σμύρνης,’ εἶπον. ‘Κἀγώ,’ ἔφη, ‘τὴν
αὐτήν, ἀγαθῇ τύχῃ.’ τοὐντεῦθεν ἐπορευόμεθα κοινῇ καὶ διελεγόμεθα
οἷα εἰκὸς ἐν ὁδῷ. ὡς δὲ εἴς τι πανδοχεῖον ἤλθομεν, ἠριστῶμεν
ἅμα· κατὰ ταὐτὸ δὲ παρακαθίζουσιν ἡμῖν τινες τέσσαρες, καὶ προσεποιοῦντο
μὲν ἀριστᾶν κἀκεῖνοι, ἐνεώρων δὲ ἡμῖν πυκνὰ καὶ ἀλλήλοις
ἐπένευον. ἐγὼ μὲν οὖν ὑπώπτευον τοὺς ἀνθρώπους διανοεῖσθαι
εἰς ἡμᾶς, οὐ μὴν ἠδυνάμην συνιέναι τί αὐτοῖς ἐθέλει τὰ νεύματα.
ὁ δὲ ὠχρὸς ἐγίνετο κατὰ μικρὸν καὶ ὀκνηρότερον ἤσθιεν, ἤδη δὲ καὶ
τρόμος εἶχεν αὐτόν. ὡς δὲ ταῦτα εἶδον, ἀναπηδήσαντες συλλαμβάνουσιν
ἡμᾶς καὶ ἱμᾶσιν εὐθὺς δεσμεύουσι· παίει δὲ κατὰ κόρρης
τις ἐκεῖνον· καὶ παταχθείς, ὥσπερ βασάνους παθὼν μυρίας, καταλέγει
μηδενὸς ἐρωτῶντος αὐτόν· ‘Ἐγὼ τὴν κόρην ἀπέκτεινα, καὶ
ἔλαβον χρυσοῦς ἑκατὸν παρὰ Μελίτης τῆς Θερσάνδρου γυναικός·
αὕτη γάρ με ἐπὶ τὸν φόνον ἐμισθώσατο. ἀλλ´ ἰδοὺ τοὺς χρυσοῦς
ὑμῖν τοὺς ἑκατὸν φέρω· ὥστε τί με ἀπόλλυτε καὶ ἑαυτοῖς φθονεῖτε
κέρδους;’" ἐγὼ δὲ ὡς ἤκουσα Θερσάνδρου καὶ Μελίτης τοὔνομα,
τὸν ἄλλον οὐ προσέχων χρόνον, τῷ δὲ λόγῳ τὴν ψυχὴν ὥσπερ ὑπὸ
μύωπος παταχθεὶς ἐγείρω καὶ πρὸς αὐτὸν μεταστραφεὶς λέγω· "Τίς
ἡ Μελίτη;" ὁ δέ, "Μελίτη ἐστίν," ἔφη, "τῶν ἐνταῦθα πρώτη γυναικῶν.
αὕτη νεανίσκου τινὸς ἠράσθη· Τύριον, οἶμαι, φασὶν αὐτόν·
κἀκεῖνος ἔτυχεν ἐρωμένην ἔχων, ἣν εὗρεν ἐν τῇ τῆς Μελίτης οἰκίᾳ
πεπραμένην. ἡ δὲ ὑπὸ ζηλοτυπίας πεφλεγμένη τὴν γυναῖκα ταύτην
ἀπατήσασα συλλαμβάνει καὶ παραδίδωσι ᾧ νῦν ἔφην κακῇ τύχῃ μοι
συνωδευκότι, φονεῦσαι κελεύσασα. ὁ μὲν οὖν τὸ ἀνόσιον ἔργον
τοῦτο δρᾷ· ἐγὼ δὲ ὁ ἄθλιος, οὔτε ἰδὼν αὐτὸν οὔτε ἔργου τινὸς κοινωνήσας
ἢ λόγου, συναπηγόμην αὐτῷ δεδεμένος, ὡς τοῦ ἔργου κοινωνός.
τὸ δὲ χαλεπώτερον, μικρὸν τοῦ πανδοχείου προελθόντες, τοὺς ἑκατὸν
χρυσοῦς λαβόντες παρ´ αὐτοῦ τὸν μὲν ἀφῆκαν φυγεῖν, ἐμὲ δὲ ἄγουσι
πρὸς τὸν στρατηγόν."
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Traduction française :
[7,3] Quand il eut fini, il réclama que l'autre lui fasse à
son tour, le récit de ses malheurs, disant : « Raconte-moi
toi aussi, tes aventures. » Et l'autre : « Il s'est trouvé
qu'hier je quittais, à pied, la ville, et je marchais sur la
route de Smyrne. J'avais fait quatre stades lorsqu'un
jeune homme, venant de la campagne, s'approcha de
moi, me salua et, pendant quelques instants, se mit à
marcher près de moi. "Où vas-tu ? me dit-il. — A Smyrne
répondis-je. Moi aussi, dit-il, s'il plaît aux Dieux".
A partir de ce moment, nous fîmes route ensemble et
nous bavardions, comme on le fait en voyage. Quand
nous arrivâmes à une auberge, nous déjeunâmes
ensemble. Et voici que s'installent près de nous quatre
individus, qui font semblant de déjeuner eux aussi,
mais qui ne cessaient de nous regarder et se faisaient des
signes entre eux. Pour moi, je soupçonnais bien que ces
hommes avaient de mauvais desseins envers nous, mais
je ne pouvais comprendre ce que signifiaient leurs
signes; mais mon compagnon se mit bientôt à pâlir,
à manger de plus en plus lentement, et, bientôt, il fut
saisi d'un tremblement. Quand ils s'en aperçurent, les
autres bondirent, nous maîtrisèrent et nous ligotèrent
avec des courroies ; et l'un d'eux donna une gifle à mon
compagnon; sous le coup, comme si on lui avait infligé
mille tortures, il se met à parler sans que personne lui
demande rien : « Oui, c'est moi qui ai tué la jeune femme,
j'ai reçu pour cela cent pièces d'or de Mélitté, la femme
de Thersandre; c'est elle qui a loué mes services pour
ce meurtre. Tenez, voici les cent pièces d'or, je vous les
donne; pourquoi me faire mourir et vous priver d'un bénéfice? »
Moi, en entendant les noms de Thersandre et de
Mélitté, alors que jusque-là je n'avais prêté aucune attention,
je ressentis dans l'âme, à ces mots, comme la
piqûre d'un taon et je m'éveillai, puis, me tournant vers
lui, je lui dis : « Quelle est cette Mélitté? » et lui :
« Mélitté, dit-il, et l'une des premières dames de la
ville. Elle était amoureuse d'un jeune homme, un Tyrien,
je crois, à ce que l'on dit; et lui-même avait une bien-aimée
qu'il avait retrouvée comme esclave dans la
maison de Mélitté. Et celle-ci, enflammée de jalousie,
s'empara par ruse de cette jeune femme et la livra à
l'homme avec lequel ma mauvaise chance a voulu que je
voyage, en lui demandant de la tuer. Et lui commit ce
crime; et moi, infortuné, moi qui ne l'avais jamais vu,
qui n'avais avec lui jamais ni rien fait ni rien dit, on
m'arrêta, avec lui, comme complice. Et, le plus dur de
tout, à quelque distance de l'auberge, ils prirent les cent
pièces d'or et lui permirent de s'échapper, et c'est moi
qu'ils emmenèrent devant le magistrat. »
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