Texte grec :
[7,4] Ὡς δ´ ἤκουσά μου τὸν μῦθον τῶν κακῶν, οὔτε ἀνῴμωξα οὔτε
ἔκλαυσα· οὔτε γὰρ φωνὴν εἶχον οὔτε δάκρυα· ἀλλὰ τρόμος μὲν
εὐθὺς περιεχύθη μου τῷ σώματι καὶ ἡ καρδία μου ἐλέλυτο, ὀλίγον
δέ τί μοι τῆς ψυχῆς ὑπολέλειπτο. μικρὸν δὲ νήψας ἐκ τῆς μέθης
τοῦ λόγου, "Τίνα τρόπον τὴν κόρην ἀπέκτεινεν," ἔφην, "ὁ μισθωτός,
καὶ τί πεποίηκε τὸ σῶμα;" ὁ δὲ ὡς ἅπαξ ἐνέβαλέ μοι τὸν μύωπα
καὶ ἔργον εἰργάσατο οὕτω κατ´ ἐμοῦ δι´ ὃ παρῆν, ἐσιώπα καὶ ἔλεγεν
οὐδέν. πάλιν δέ μου πυθομένου, "Δοκεῖς," ἔφη, "κἀμὲ κεκοινωνηκέναι
τῷ φόνῳ; ταῦτα ἤκουσα μόνα τοῦ πεφονευκότος, ὡς κτείνας
εἴη τὴν κόρην· ποῦ δὲ καὶ τίνα τρόπον, οὐκ εἶπεν." ἦλθε δέ μοι
τότε δάκρυα καὶ τοῖς ὀφθαλμοῖς τὴν λύπην ἀπεδίδουν. ὥσπερ γὰρ
ἐν ταῖς τοῦ σώματος πληγαῖς οὐκ εὐθὺς ἡ σμῶδιξ ἐπανίσταται, ἀλλὰ
παραχρῆμα μὲν οὐκ ἔχει τὸ ἄνθος ἡ πληγή, μετὰ μικρὸν δὲ ἀνέθορε,
καὶ ὀδόντι συός τις παταχθεὶς εὐθὺς μὲν ζητεῖ τὸ τραῦμα καὶ οὐκ
οἶδεν εὑρεῖν, τὸ δὲ ἔτι δέδυκε καὶ κέκρυπται κατειργασμένον σχολῇ
τῆς πληγῆς τὴν τομήν, μετὰ ταῦτα δὲ ἐξαίφνης λευκή τις ἀνέτειλε
γραμμή, πρόδρομος τοῦ αἵματος, σχολὴν δὲ ὀλίγην λαβὸν ἔρχεται
καὶ ἀθρόον ἐπιρρεῖ, οὕτω καὶ ψυχὴ παταχθεῖσα τῷ τῆς λύπης
βέλει, τοξεύσαντος λόγου τέτρωται μὲν ἤδη καὶ ἔχει τὴν τομήν,
ἀλλὰ τὸ τάχος τοῦ βλήματος οὐκ ἀνέῳξεν οὔπω τὸ τραῦμα, τὰ δὲ
δάκρυα ἐδίωξε τῶν ὀφθαλμῶν μακράν· δάκρυον γὰρ αἷμα τραύματος
ψυχῆς. ὅταν ὁ τῆς λύπης ὀδοὺς κατὰ μικρὸν τὴν καρδίαν ἐκφάγῃ,
κατέρρηκται μὲν τῆς ψυχῆς τὸ τραῦμα, ἀνέῳκται δὲ τοῖς ὀφθαλμοῖς
ἡ τῶν δακρύων θύρα, τὰ δὲ μετὰ μικρὸν τῆς ἀνοίξεως ἐξεπήδησεν.
οὕτω κἀμὲ τὰ μὲν πρῶτα τῆς ἀκροάσεως τῇ ψυχῇ προσπεσόντα
καθάπερ τοξεύματα κατεσίγασε καὶ τῶν δακρύων ἀπέφραξε τὴν
πηγήν, μετὰ ταῦτα δὲ ἔρρει, σχολασάσης τῆς ψυχῆς τῷ κακῷ.
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Traduction française :
[7,4] En entendant cette sombre histoire inventée de
toutes pièces, je ne gémis point, je ne pleurai point;
car je n'avais ni voix ni larmes. Mais je fus saisi d'un
tremblement dans tout le corps, mon coeur défaillit et
il s'en fallut de peu que je ne perdisse connaissance.
Lorsque je fus revenu un peu à moi, après le trouble
où m'avait plongé ce récit : « De quelle façon, dis-je,
l'assassin à gages a-t-il tué la jeune femme, et qu'a-t-il
fait du corps ? » Mais lui, maintenant qu'il avait planté
en moi l'aiguillon, et une fois accomplie à mes dépens
la besogne pour laquelle il était là, garda le silence et
ne dit plus rien. Et comme je l'interrogeais à nouveau :
« Tu crois, répondit-il, que j'ai participé au meurtre?
Tout ce que j'ai entendu dire à l'assassin c'est qu'il
avait tué la jeune fille; où, comment, il ne l'a pas dit. »
Alors jaillirent mes larmes, et je laissai mon chagrin
s'échapper par mes yeux. De même que, lorsque le corps
a reçu un coup, l'enflure ne se produit pas tout de suite
et que le coup ne fait pas immédiatement sentir son effet
qui se manifeste seulement quelques instants plus tard,
de même que quelqu'un qui est blessé par la défense
d'un sanglier cherche la blessure sans pouvoir la trouver,
parce qu'elle s'est enfoncée profondément et a dissimulé,
en s'emplissant lentement, la trace du choc, mais
qu'ensuite, soudain, apparaît une marque blanche qui
annonce le sang, et que celui-ci, au bout de quelque
temps, jaillit et coule à flots — de même l'âme frappée
par le trait de la douleur, que viennent de lui décocher
des paroles, se trouve déjà blessée au vif, mais la brutalité
du choc n'a pas permis à la plaie de s'ouvrir et a
chassé les larmes loin des yeux. Les larmes sont en effet
le sang de l'âme. Et c'est seulement lorsque la dent de
la douleur a mordu quelque temps dans le coeur que la
blessure de l'âme devient béante, que s'ouvre dans les
yeux la porte des larmes et que, bientôt après son ouver,
ture, celles-ci jaillissent. C'est ainsi que, d'abord, les nouvelles
que j'appris, me frappant l'âme à la façon d'une
flèche, me réduisirent au silence et tarirent la source de
mes larmes, mais après cela, lorsque mes malheurs eurent
laissé à mon âme un peu de répit, elles se mirent à couler.
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