Texte grec :
[7,14] Ὡς δὲ ἀπηλλάγην ἐγὼ τῶν βασάνων, διελέλυτο μὲν τὸ δικαστήριον
ὄχλος τε ἦν περὶ ἐμὲ καὶ θόρυβος, τῶν μὲν ἐλεούντων, τῶν
δὲ ἐπιθειαζόντων, τῶν δὲ ἀναπυνθανομένων. ἔνθα καὶ ὁ Σώστρατος
ἐπιστὰς ὁρᾷ με καὶ γνωρίζει. καὶ γάρ, ὡς ἔφην ἐν ἀρχῇ τῶν
λόγων, ἐν Τύρῳ ποτὲ ἐγεγόνει περὶ τὴν τῶν Ἡρακλείων ἑορτὴν καὶ
χρόνου πολλοῦ διατρίψας ἔτυχεν ἐν Τύρῳ πρὸ πολλοῦ τῆς ἡμετέρας
φυγῆς· ὥστε ταχύ μου τὴν μορφὴν συνεβάλετο, καὶ διὰ τὸ ἐνύπνιον
φύσει προσδοκῶν εὑρήσειν ἡμᾶς. προσελθὼν οὖν μοι· "Κλειτοφῶν
οὗτος, Λευκίππη δὲ ποῦ;" ἐγὼ μὲν οὖν γνωρίσας αὐτὸν εἰς
γῆν κατένευσα, οἱ δὲ παρόντες αὐτῷ διηγοῦντο ὅσα εἶπον κατ´
ἐμαυτοῦ· καὶ ὃς ἀνοιμώξας καὶ κοψάμενος τὴν κεφαλὴν ἐμπηδᾷ μου
τοῖς ὀφθαλμοῖς καὶ μικροῦ δεῖν ἐξώρυξεν αὐτούς· οὐδὲ γὰρ ἐπεχείρουν
κωλύειν ἐγώ, παρεῖχον δὲ τὸ πρόσωπον εἰς τὴν ὕβριν. ὁ
δὲ Κλεινίας προσελθὼν εἶργε παρηγορῶν αὐτὸν ἅμα καὶ λέγων· "Τί
ποιεῖς, ἄνθρωπε; τί μάτην ἐξηγρίωσαι κατ´ ἀνδρός, ὃς μᾶλλον σοῦ
Λευκίππην φιλεῖ; θάνατον γοῦν ὑπέστη παθεῖν, ὅτι τεθνάναι ταύτην
ἔδοξεν." ἄλλα τε πολλὰ ἔλεγε παραμυθούμενος αὐτόν. ὁ δὲ ὠδύρετο
καλῶν τὴν Ἄρτεμιν· "Ἐπὶ τούτῳ με, δέσποινα, ἤγαγες ἐνταῦθα;
τοιαῦτά σου τῶν ἐνυπνίων τὰ μαντεύματα; κἀγὼ μὲν ἐπίστευόν σου
τοῖς ὀνείροις καὶ εὑρήσειν παρὰ σοὶ προσεδόκων τὴν θυγατέρα. καλὸν
δέ μοι δῶρον δέδωκας· εὗρον τὸν ἀνδροφόνον αὐτῆς παρὰ σοί."
καὶ ὁ Κλεινίας ἀκούσας τοῦ τῆς Ἀρτέμιδος ἐνυπνίου περιχαρὴς
ἐγένετο καὶ λέγει· "Θάρρει, πάτερ, ἡ Ἄρτεμις οὐ ψεύδεται· ζῇ σοι
Λευκίππη· πίστευσόν μου τοῖς μαντεύμασιν. οὐχ ὁρᾷς καὶ τοῦτον
ὡς ἐκ τῶν βασάνων νῦν κρεμάμενον ἐξήρπασεν;"
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Traduction française :
[7,14] Je fus ainsi soustrait, pour l'instant, à la torture,
et le tribunal se sépara; mais il y avait autour de moi une
foule bruyante, les uns me plaignant, les uns appelant
contre moi la colère des dieux, les autres m'interrogeant.
A ce moment, Sostratos s'approcha, me vit et me
reconnut. Car, comme je l'ai dit au début de mon récit, il
était venu autrefois à Tyr pour la fête d'Héraclès et y
avait séjourné plusieurs jours, bien avant notre fuite.
Aussi m'identifia-t-il vite à mon aspect et d'ailleurs, à
cause de son rêve, il s'attendait naturellement à me trouver
à Ephèse. Il vint donc vers moi : «C'est Clitophon!
Mais où est Leucippé? » Moi, je le reconnus et je baissai
la tête; les personnes présentes lui racontèrent mes aveux;
alors il poussa un gémissement, se frappa la tête de ses
mains, me sauta au visage et il s'en fallut de peu
qu'il ne m'arrachât les yeux. D'ailleurs je n'essayais pas
de l'en empêcher et j'offrais mon visage à ses violences.
Alors Clinias s'approcha et lui dit : « Que fais-tu,
l'homme? Pourquoi te déchaîner ainsi pour rien contre
un homme qui aime Leucippé plus que toi? En tout cas,
il s'est offert à la mort parce qu'il la croyait morte. »
Et il lui dit encore beaucoup d'autres choses pour le
calmer. Mais l'autre se lamentait et invoquait Artémis :
« C'est donc pour cela, Reine, que tu m'as amené ici?
C'est ainsi que se réalisent les prophéties des rêves que
tu envoies ? Oui, j'avais confiance dans cette vision venue
de toi et je m'attendais à trouver ma fille auprès de toi.
Ah, tu m'as fait un beau présent! J'ai trouvé son assassin
dans ta ville! » Et Clinias, en entendant parler d'un
rêve envoyé par Artémis, fut rempli de joie et dit :
« Courage, Père, Artémis ne ment pas; ta Leucippé est
en vie; crois-en la prédiction que je te fais. Ne vois-tu pas
comment elle a agi aussi envers Clitophon, et l'a délivre,
alors qu'il était déjà suspendu pour subir la torture? »
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