Texte grec :
[7,10] Ταῦτα εἰπόντος τοῦ Κλεινίου τοῖς μὲν πολλοῖς ἐδόκει πιθανὸς
ὁ λόγος, οἱ δὲ τοῦ Θερσάνδρου ῥήτορες καὶ ὅσοι τῶν φίλων
συμπαρῆσαν, ἐπεβόων ἀνελεῖν τὸν ἀνδροφόνον τὸν αὑτοῦ κατειπόντα
θεοῦ προνοίᾳ. Μελίτη τὰς θεραπαινίδας ἐδίδου καὶ Θέρσανδρον
ἠξίου διδόναι Σωσθένην· τάχα γὰρ αὐτὸν εἶναι τὸν Λευκίππην ἀνῃρηκότα·
καὶ οἱ συναγορεύοντες αὐτῇ ταύτην μάλιστα προεφέροντο
πρόκλησιν. ὁ δὲ Θέρσανδρος φοβηθεὶς λάθρα τινὰ τῶν παραστατῶν
εἰς τὸν ἀγρὸν ἀποστέλλει πρὸς τὸν Σωσθένην, κελεύσας τὴν
ταχίστην ἀφανῆ γενέσθαι, πρὶν τοὺς ἐπ´ αὐτὸν πεμφθέντας ἥκειν· ὃς
δὴ ἐπιβὰς ἵππῳ σπουδῇ μάλα πρὸς αὐτὸν ἔρχεται καὶ τὸν κίνδυνον
λέγει καὶ ὡς, εἰ ληφθείη παρών, εἰς βασάνους ἀπαχθήσεται. ὁ δὲ
ἔτυχε μὲν ἐν τῷ τῆς Λευκίππης δωματίῳ παρών, κατεπᾴδων αὐτῇ·
κληθεὶς δὲ ὑπὸ τοῦ παρόντος σὺν βοῇ καὶ ταραχῇ πολλῇ προέρχεται,
καὶ ἀκούσας τὰ ὄντα, μεστὸς γενόμενος δέους καὶ ἤδη νομίζων τοὺς
δημίους ἐπ´ αὐτὸν παρεῖναι, ἐπιβὰς ἵππῳ σπουδῇ μάλα ἐξελαύνει
ἐπὶ Σμύρνης· ὁ δὲ ἄγγελος πρὸς τὸν Θέρσανδρον ἀναστρέφει. ἀληθὴς
δέ ἐστιν, ὡς ἔοικεν, ὁ λόγος, ὅτι μνήμην ἐκπλήσσειν πέφυκε φόβος·
ὁ γοῦν Σωσθένης περὶ ἑαυτοῦ φοβηθεὶς ἁπαξαπάντων ἐξελάθετο
τῶν ἐν ποσὶν ὑπ´ ἐκπλήξεως, ὡς μηδὲ τοῦ τῆς Λευκίππης δωματίου
κλεῖσαι τὰς θύρας. μάλιστα γὰρ τὸ τῶν δούλων γένος ἐν οἷς ἂν
φοβηθῇ σφόδρα δειλόν ἐστιν.
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Traduction française :
[7,10] Après ce discours de Clinias, la plupart pensèrent
que ses arguments étaient plausibles, mais les avocats
de Thersandre et tous ceux de ses amis qui étaient là
se mirent à crier qu'il fallait condamner à mort le meurtrier
qui s'était accusé lui-même, par l'effet de la divine
Providence. Mélitté offrit ses petites servantes et somma
Thersandre de livrer Sosthénès, car, disait-elle, c'était
peut-être lui le meurtrier de Leucippé. Et ses avocats
insistèrent beaucoup sur cette sommation. Thersandre
prit peur et envoya secrètement à la propriété l'un de
ses suppôts trouver Sosthénès, en l'invitant à disparaitre
au plus vite avant que les gens que l'on chargerait de le
convoquer puissent le rejoindre. L'homme monta
cheval et, en toute hâte, se rendit auprès de Sosthénes
lui exposa le danger qui le menaçait et lui dit comment,
si on le découvrait, on l'emmènerait pour le mettre à la
question. Softhénès se trouvait alors dans la cellule de
Leucippé et essayait de lui faire du charme; lorsque
l'homme arriva et l'appela, avec force cris et à grand
bruit, il sortit et, en apprenant la situation, fut rempli
de crainte; croyant déjà avoir la police à ses trousses, il
monta à cheval et s'enfuit à toute bride vers Smyrne. Le
messager, lui, revint vers Thersandre. Et, apparemment,
il est bien vrai, ce que l'on dit, que la crainte fait perdre
la mémoire. En tout cas Sosthénès, craignant pour lui-même,
oublia si totalement le présent, dans son trouble,
qu'il négligea de refermer à clef les portes de la
cellule de Leucippé. Car toute la gent servile est fort
peureuse, dès qu'il y a quelque crainte à avoir.
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