HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre VI

ἐπὶ



Texte grec :

[6,7] Ἡ δὲ ὡς ἤκουσεν, ἐπλήσθη δακρύων, καὶ εἶχεν αὐτῆς ἴδιον κάλλος καὶ τὰ δάκρυα. δάκρυον γὰρ ὀφθαλμὸν ἀνίστησι καὶ ποιεῖ προπετέστερον. κἂν μὲν ἄμορφος ᾖ καὶ ἄγροικος, προστίθησιν εἰς δυσμορφίαν· ἐὰν δὲ ἡδὺς καὶ τοῦ μέλανος ἔχων τὴν βαφὴν ἠρέμα τῷ λευκῷ στεφανούμενος, ὅταν τοῖς δάκρυσιν ὑγρανθῇ, ἔοικε πηγῆς ἐγκύμονι μαζῷ. χεομένης δὲ τῆς τῶν δακρύων ἅλμης περὶ τὸν κύκλον, τὸ μὲν πιαίνεται, τὸ δὲ μέλαν πορφύρεται, καὶ ἔστιν ὅμοιον τὸ μὲν ἴῳ, τὸ δὲ ναρκίσσῳ· τὰ δὲ δάκρυα τῶν ὀφθαλμῶν ἔνδον εἱλούμενα γελᾷ. τοιαῦτα Λευκίππης ἦν τὰ δάκρυα, αὐτὴν τὴν λύπην εἰς κάλλος νενικηκότα· εἰ δὲ ἠδύνατο παγῆναι πεσόντα, καινὸν ἂν εἶχεν ἤλεκτρον ἡ γῆ. ὁ δὲ Θέρσανδρος ἰδὼν πρὸς μὲν τὸ κάλλος ἐκεχήνει, πρὸς δὲ τὴν λύπην ἐξεμεμήνει, καὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς δακρύων ἐγκύους εἶχεν. ἔστι μὲν γὰρ φύσει δάκρυον ἐπαγωγότατον ἐλέου τοῖς ὁρῶσι· τὸ δὲ τῶν γυναικῶν μᾶλλον, ὅσῳ θαλερώτερον, τοσούτῳ καὶ γοητότερον. ἐὰν δὲ ἡ δακρύουσα ᾖ καὶ καλὴ καὶ ὁ θεατὴς ἐραστής, οὐδ´ ὀφθαλμὸς ἀτρεμεῖ, ἀλλὰ τὸ δακρύον ἐμιμήσατο. ἐπειδὴ γὰρ εἰς τὰ ὄμματα τῶν καλῶν τὸ κάλλος κάθηται, ῥέον ἐκεῖθεν ἐπὶ τοὺς ὀφθαλμοὺς τῶν ὁρώντων ἵσταται καὶ τῶν δακρύων τὴν πηγὴν συνεφέλκεται. ὁ δὲ ἐραστὴς δεξάμενος ἄμφω τὸ μὲν κάλλος εἰς τὴν ψυχὴν ἥρπασε, τὸ δὲ δάκρυον εἰς τοὺς ὀφθαλμοὺς ἐτήρησεν, ὁραθῆναι δὲ εὔχεται, καὶ ἀποψήσασθαι δυνάμενος οὐκ ἐθέλει, ἀλλὰ τὸ δάκρυον ὡς δύναται κατέχει καὶ φοβεῖται μὴ πρὸ καιροῦ φύγῃ. ὁ δὲ καὶ τῶν ὀφθαλμῶν τὴν κίνησιν ἐπέχει, μὴ πρὶν τὸ ἐρώμενον ἰδεῖν ταχὺ θελήσῃ πεσεῖν· μαρτυρίαν γὰρ ταύτην νενόμικεν ὅτι καὶ φιλεῖ. τοιοῦτό τι καὶ τῷ Θερσάνδρῳ συμβεβήκει· ἐδάκρυε γὰρ πρὸς ἐπίδειξιν, παθὼν μέν τι, κατὰ τὸ εἰκός, ἀνθρώπινον, καλλωπιζόμενος δὲ πρὸς τὴν Λευκίππην, ὡς διὰ τοῦτο δεδακρυμένος, ὅτι κἀκείνη δακρύει. λέγει οὖν πρὸς τὸν Σωσθένην προσκύψας· "Νῦν μὲν αὐτὴν θεράπευσον· ὁρᾷς γὰρ ὡς ἔχει λύπης· ὥστε ὑπεκστήσομαι καὶ μάλα ἄκων, ὡς μὴ ὀχληρὸς εἴην. ὅταν δὲ ἡμερώτερον διατεθῇ, τότε αὐτῇ διαλεχθήσομαι. σὺ δέ, ὦ γύναι, θάρσει· ταχὺ γάρ σου ταῦτα τὰ δάκρυα ἰάσομαι." εἶτα πρὸς τὸν Σωσθένην πάλιν, ἐξιών, "Ὅπως εἴπῃς τὰ εἰκότα περὶ ἐμοῦ· ἕωθεν δὲ ἧκε πρός με κατορθώσας," ἔφη. ἐπὶ τούτοις ἀπηλλάττετο.

Traduction française :

[6,7] Lorsqu'elle l'entendit, elle fondit en larmes, et même ses larmes avaient leur beauté propre. Car les larmes mettent les yeux en valeur et accentuent leur caractère; s'ils sont sans beauté et vulgaires, elles ajoutent à leur laideur; s'ils sont plaisants, si leur pupille, très noire, s'allie harmonieusement au blanc qui l'entoure, ils ressemblent, lorsqu'ils sont mouillés de larmes, au creux jaillissant d'une source. Le sel des larmes, en se répandant tout autour de l'oeil, rend celui-ci plus brillant, tandis que le noir de la pupille prend une teinte pourpre, et ils ressemblent, la pupille à une violette, et le blanc de l'oeil à un narcisse. Et les larmes qui roulent a l'intérieur de l'oeil sourient. Telles étaient les larmes de Leucippé, victorieuses de son chagrin qu'elles transformaient en beauté. Et si, en tombant, elles avaient pu se solidifier, le monde aurait possédé une nouvelle espèce d'ambre. Thersandre, en la voyant, resta béant d'admiration devant sa beauté, et devant son chagrin il fut hors de lui, au point que ses yeux se gonflèrent de larmes. Par nature, les larmes font, au plus haut point, naître la pitié chez qui les voit. Celles des femmes, davantage encore, et leur abondance même rend plus puissant leur pouvoir magique. Et si la femme qui pleure est, de plus, belle, et si celui qui la regarde est amoureux, ses yeux, à lui non plus, ne peuvent rester impassibles, mais ils imitent les larmes qu'ils voient. Et comme la beauté des belles femmes réside dans leurs yeux, cette beauté passe de là dans les yeux des spectateurs, s'y installe et ouvre la source des larmes. L'amoureux, alors, accueille et la beauté et les larmes : la première il la prend dans son âme, les secondes, il les conserve dans ses yeux, et il prie qu'on le voit ainsi; même s'il peut les essuyer, il s'y refuse, il conserve ces larmes de son mieux et craint qu'elles ne s'enfuient trop tôt. Il ira jusqu'à éviter de remuer ses yeux, de peur que ces larmes ne tombent avant que l'aimée ne les voit. Car il pense qu'elles témoignent de son amour. Et c'est ce qui arriva à Thersandre : il pleura, en partie parce qu'il éprouvait, comme cela était naturel, un sentiment d'humanité, et en partie pour faire sa cour à Leucippé, pour lui montrer qu'il pleurait parce qu'elle pleurait elle aussi. Il se pencha donc vers Sosthénès et lui dit : « Pour l'instant, occupe-toi d'elle; tu vois comme elle a du chagrin; aussi, je vais me retirer, bien contre mon gré, pour ne pas lui être importun. Mais lorsqu'elle sera mieux disposée, alors, je lui parlerai. Quant à toi, femme, bon courage; bientôt, je saurai bien trouver un remède à ces larmes. » Puis, en sortant, de nouveau à Sosthénès : « Tâche de bien lui parler de moi; et, demain matin, viens me trouver lorsque tu auras arrangé les choses. » Puis il s'en alla.





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Dernière mise à jour : 16/11/2006