Texte grec :
[6,20] Ὁ Θέρσανδρος οὖν, τὸ μὲν πρῶτον ἐλπίζων εἰς τὸν ἔρωτα
εὐτυχήσειν, ὅλος Λευκίππης δοῦλος ἦν· ἀτυχήσας δὲ ὧν ἤλπισεν,
ἀφῆκε τῷ θυμῷ τὰς ἡνίας. ῥαπίζει δὴ κατὰ κόρρης αὐτήν, "Ὦ κακόδαιμον
ἀνδράποδον," λέγων, "καὶ ἀληθῶς ἐρωτιῶν· πάντων γάρ σου κατήκουσα.
οὐκ ἀγαπᾷς ὅτι σοι καὶ λαλῶ καὶ μεγάλην εὐτυχίαν δοκεῖς τὸν σὸν
καταφιλῆσαι δεσπότην, ἀλλὰ ἀκκίζῃ καὶ σχηματίζῃ πρὸς ἀπόνοιαν·
ἐγὼ μέν σε καὶ πεπορνεῦσθαι δοκῶ· καὶ γὰρ μοιχὸν φιλεῖς.
ἀλλ´ ἐπειδὴ μὴ θέλεις ἐραστοῦ μου πεῖραν λαβεῖν, πειράσῃ
δεσπότου." καὶ ἡ Λευκίππη· "Κἂν τυραννεῖν ἐθέλῃς, κἀγὼ τυραννεῖσθαι,
πλὴν οὐ βιάσῃ." καὶ πρὸς τὸν Σωσθένην ἰδοῦσα, "Μαρτύρησον,"
εἶπεν αὐτῷ, "πῶς πρὸς τὰς αἰκίας ἔχω· σὺ γάρ με καὶ μᾶλλον ἠδίκησας."
καὶ ὁ Σωσθένης αἰσχυνθεὶς ὡς ἐληλεγμένος,
"Ταύτην," εἶπεν, "ὦ δέσποτα, ξανθῆναι μάστιξι δεῖ καὶ μυρίαις
βασάνοις περιπεσεῖν, ὡς ἂν μάθοι δεσπότου μὴ καταφρονεῖν."
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Traduction française :
[6,20] Donc, Thersandre, espérant d'abord être heureux
dans son amour, était tout entier l'esclave de Leucippé.
Mais n'ayant pas eu le bonheur espéré, il lâcha les rênes
de sa colère. « Misérable esclave », lui dit-il, en lui frappant
le visage, « fille vraiment éperdue d'amour; j'ai
entendu tout ce que tu disais. Tu n'aimes pas que je
te parle ! Tu ne considères pas comme une grande chance
pour toi que ton maître te donne des baisers; non, tu
fais ta fière, tu te donnes l'air d'être folle! Et moi, je
pense que tu n'es qu'une putain, car tu aimes un fieffé
coureur. Mais, puisque tu ne veux pas de moi comme
amant, tu verras ce que je suis comme maître. » Alors
Leucippé : « Si tu veux jouer au tyran, très bien, moi
je serai ta sujette, à condition que tu ne me fasses pas
violence. » Puis, se tournant vers Sosthénès : « Sois mon
témoin, lui dit-elle, de la façon dont je supporte les
outrages, car toi, tu m'as encore plus maltraitée. »
Sosthénès, rempli de honte de se voir ainsi pris en faute :
« Maître, fais-lui tâter du fouet, inflige-lui mille tortures,
pour qu'elle apprenne à ne pas mépriser son maître! »
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