HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre V

εὕρηκε



Texte grec :

[5,7] Ἑσπέρας οὖν γενομένης ὑπεξέρχεται μὲν ὁ Χαιρέας, πρόφασιν ποιησάμενος τὴν γαστέρα. μετὰ μικρὸν δὲ βοή τις ἐξαίφνης περὶ τὰς θύρας ἦν· καὶ εὐθὺς εἰστρέχουσιν ἄνθρωποι μεγάλοι καὶ πολλοί, μαχαίρας ἐσπασμένοι, καὶ ἐπὶ τὴν κόρην πάντες ὥρμησαν. ἐγὼ δὲ ὡς εἶδον φερομένην μου τὴν φιλτάτην, οὐκ ἐνεγκὼν ἵεμαι διὰ τῶν ξιφῶν· καί με παίει τις κατὰ τοῦ μηροῦ μαχαίρᾳ, καὶ ὤκλασα. ἐγὼ μὲν ἤδη καταπεσὼν ἐρρεόμην αἵματι· οἱ δὲ ἐνθέμενοι τῷ σκάφει τὴν κόρην ἔφευγον. θορύβου δὲ καὶ βοῆς οἷα ἐπὶ λῃσταῖς γενομένης, ὁ στρατηγὸς τῆς νήσου παρῆν· ἦν δέ μοι γνώριμος ἐκ τοῦ στρατοπέδου γενόμενος. δείκνυμι δὴ τὸ τραῦμα καὶ δέομαι διῶξαι τοὺς λῃστάς. ὥρμει δὲ πολλὰ πλοῖα ἐν τῇ πόλει· τούτων ἑνὶ ἐπιβὰς ὁ στρατηγὸς ἐδίωκεν ἅμα τῇ παρούσῃ φρουρᾷ· κἀγὼ δὲ συνανέβην φοράδην κομισθείς. Ὡς δὲ εἶδον οἱ λῃσταὶ προσιοῦσαν ἤδη τὴν ναῦν εἰς ναυμαχίαν, ἱστᾶσιν ἐπὶ τοῦ καταστρώματος ὀπίσω τὼ χεῖρε δεδεμένην τὴν κόρην· καί τις αὐτῶν μεγάλῃ τῇ φωνῇ, "Ἰδοὺ τὸ ἆθλον ὑμῶν," εἰπών, ἀποτέμνει αὐτῆς τὴν κεφαλὴν καὶ τὸ λοιπὸν σῶμα ὠθεῖ κατὰ τῆς θαλάσσης. ἐγὼ δὲ ὡς εἶδον, ἀνέκραγον οἰμώξας καὶ ὥρμησα ἐμαυτὸν ἐπαφεῖναι· ὡς δ´ οἱ παρόντες κατέσχον, ἐδεόμην ἐπισχεῖν τε τὴν ναῦν καί τινα ἁλέσθαι κατὰ τῆς θαλάσσης, εἴ πως κἂν πρὸς ταφὴν λάβοιμι τῆς κόρης τὸ σῶμα. καὶ ὁ στρατηγὸς πείθεται καὶ ἵστησι τὴν ναῦν, καὶ δύο τῶν ναυτῶν ἀκοντίζουσιν ἑαυτοὺς ἔξω τῆς νεὼς καὶ ἁρπάσαντες τὸ σῶμα ἀναφέρουσιν. ἐν τούτῳ δὲ οἱ λῃσταὶ μᾶλλον ἐρρωμενέστερον ἤλαυνον· ὡς δὲ ἦμεν πάλιν πλησίον, ὁρῶσιν οἱ λῃσταὶ ναῦν ἑτέραν, καὶ γνωρίσαντες ἐκάλουν πρὸς βοήθειαν· πορφυρεῖς δὲ ἦσαν πειρατικοί. ἰδὼν δὲ ὁ στρατηγὸς δύο ναῦς ἤδη γενομένας ἐφοβήθη καὶ πρύμναν ἐκρούετο· καὶ γὰρ οἱ πειραταὶ τοῦ φεύγειν ἀποτραπόμενοι προεκαλοῦντο εἰς μάχην. ἐπεὶ δὲ ἀνεστρέψαμεν εἰς γῆν, ἀποβὰς τοῦ σκάφους καὶ τῷ σώματι περιχυθεὶς ἔκλαον· "Νῦν μοι, Λευκίππη, τέθνηκας ἀληθῶς θάνατον διπλοῦν, γῇ καὶ θαλάττῃ διαιρούμενον· τὸ μὲν γὰρ λείψανον ἔχω σου τοῦ σώματος, ἀπολώλεκα δὲ σέ. οὐκ ἴση τῆς θαλάσσης πρὸς τὴν γῆν ἡ νομή· μικρόν μοί σου μέρος καταλέλειπται ἐν ὄψει τοῦ μείζονος· αὕτη δὲ ἐν ὀλίγῳ τὸ πᾶν σου κρατεῖ. ἀλλ´ ἐπεί μοι τῶν ἐν τῷ προσώπῳ φιλημάτων ἐφθόνησεν ἡ Τύχη, φέρε σου καταφιλήσω τὴν σφαγήν."

Traduction française :

[5,7] Le soir venu, Chaeréas sortit de la maison, prétextant qu'il avait besoin de s'éloigner. Quelques instants plus tard un cri soudain s'élève à la porte et, aussitôt, nous voyons faire irruption quantité de grands gaillards, épée en main, qui se précipitent tous sur la jeune fille. Lorsque je vis que l'on enlevait ma bienaimée, je n'hésitai pas à me précipiter à travers les épées; alors, l'un des hommes me donna un coup de poignard à la cuisse et je m'effondrai. Je tombai sur le sol, saignant abondamment, et, pendant ce temps, ils faisaient monter la jeune fille sur le bateau et s'enfuyaient. L'attaque des pirates avait causé tant de tumulte et de cris que cela fit venir le commandant de l'île. Nous nous connaissions, car il avait participé à l'expédition contre les bouviers. Je lui montrai ma blessure et lui demandai de se mettre à la poursuite des pirates. Il y avait, dans la ville, un grand nombre de bateaux à l'ancre. Le commandant monta à bord de l'un d'eux et se mit en chasse, accompagné de ses gardes, et moi, je m'embarquai avec lui, couché sur une civière. Lorsque les pirates virent que notre bateau allait les attaquer, ils firent mettre la jeune fille debout sur le pont arrière, les deux bras attachés, et l'un d'eux nous cria d'une voix formidable : « Voilà l'enjeu que vous réclamez », et à ces mots, il lui coupe la tête et jette le reste du corps dans la mer. A ce spectacle, je poussai un cri de douleur et je m'élançai pour passer moi aussi par-dessus bord; mais les hommes qui étaient là me retinrent; alors je demandai que l'on arrêtât le bateau et que l'on envoyât quelqu'un pour tâcher de rattraper le corps de la jeune fille afin de l'ensevelir. Le commandant accepta et arrêta le navire. Deux matelots sautent à la mer, attrapent le corps et le rapportent. Pendant ce temps, les pirates ramaient avec une vigueur accrue. Lorsque nous fûmes de nouveau près d'eux, les pirates aperçoivent un autre bateau et, le reconnaissant, appellent à l'aide : c'étaient des pêcheurs de pourpre, pirates eux aussi. Le commandant, voyant qu'il avait maintenant deux bateaux contre lui, prit peur et vira de bord; d'ailleurs, les pirates avaient cessé de fuir et nous défiaient au combat. Lorsque nous fûmes revenus à terre, je descendis du bateau et, embrassant le corps, je gémissais : « Maintenant, Leucippé, tu es vraiment morte, et morte deux fois, une fois sur la terre et une fois sur mer. Car j'ai bien ici les restes de ton corps, mais toi, je t'ai perdue. Le partage entre la terre et la mer n'a pas été égal; ce qui me reste de toi est en réalité la moindre partie, bien qu'à la voir elle semble la plus grande. Mais la mer, qui semble n'avoir de toi qu'une faible partie, en réalité te possède tout entière. Et, puisque la Fortune m'a refusé le bonheur d'embrasser ton visage, je vais donner mes baisers à ton cou égorgé. »





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Dernière mise à jour : 27/06/2006