HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre V

γεγραμμένων



Texte grec :

[5,26] Ὡς δὲ ἐσιώπων ἐγὼ κάτω νενευκώς, μικρὸν διαλιποῦσα λέγει μεταβαλοῦσα· "Ἃ μὲν εἶπον, ὦ φίλτατε, θυμὸς ἔλεγε καὶ λύπη· ἃ δὲ νῦν μέλλω λέγειν, ἔρως λέγει. κἂν ὀργίζωμαι, καίομαι· κἂν ὑβρίζωμαι, φιλῶ. σπεῖσαι κἂν νῦν, ἐλέησον· οὐκέτι δέομαι πολλῶν ἡμερῶν καὶ γάμου μακροῦ, ὃν ἡ δυστυχὴς ὠνειροπόλουν ἐπὶ σοί· ἀρκεῖ μοι κἂν μία συμπλοκή· μικροῦ δέομαι φαρμάκου πρὸς τηλικαύτην νόσον. σβέσον μοι ὀλίγον τοῦ πυρός. εἰ δέ τί σοι προπετῶς ἐθρασυνάμην, σύγγνωθι, φίλτατε· ἔρως ἀτυχῶν καὶ μαίνεται. ἀσχημονοῦσα οἶδα, ἀλλ´ οὐκ αἰσχύνομαι τὰ τοῦ Ἔρωτος ἐξαγορεύουσα μυστήρια. πρὸς ἄνδρα λαλῶ μεμυημένον· οἶδας τί πάσχω. τοῖς δὲ ἄλλοις ἀνθρώποις ἀθέατα τὰ βέλη τοῦ θεοῦ, καὶ οὐκ ἄν τις ἐπιδεῖξαι δύναιτο τὰ τοξεύματα· μόνοι δὲ οἴδασιν οἱ ἐρῶντες τὰ τῶν ὁμοίων τραύματα. ἔτι μόνον ἔχω ταύτην τὴν ἡμέραν· τὴν ὑπόσχεσιν ἀπαιτῶ. ἀναμνήσθητι τῆς Ἴσιδος, αἰδέσθητι τοὺς ὅρκους τοὺς ἐκεῖ. εἰ μὲν γὰρ καὶ συνοικεῖν ἤθελες, ὥσπερ ὤμοσας, οὐκ ἂν ἐφρόντισα μυρίων Θερσάνδρων. ἐπεὶ δὲ Λευκίππην εὑρόντι σοι γάμος ἀδύνατος ἄλλης γυναικός, ἑκοῦσά σοι κἀγὼ τοῦτο παραχωρῶ. οἶδα νικωμένη· οὐκ αἰτῶ πλέον ἢ δύναμαι τυχεῖν. κατ´ ἐμοῦ γὰρ πάντα καινά· ἀναβιοῦσι καὶ νεκροί. ὦ θάλασσα, πλέουσαν μέν με διέσωσας, σώσασα δὲ μᾶλλον ἀπολώλεκας, δύο ἀποστείλασα κατ´ ἐμοῦ νεκρούς· οὐκ ἤρκει γὰρ Λευκίππη μόνη (ζησάτω, ἵνα μηκέτι λυπῆται Κλειτοφῶν)· νῦν δὲ καὶ ὁ ἄγριος Θέρσανδρος ἡμῖν πάρεστι. τετύπτησαι βλεπούσης μου, καὶ βοηθεῖν ἡ δυστυχὴς οὐκ ἠδυνάμην· ἐπὶ τοῦτο τὸ πρόσωπον πληγαὶ κατηνέχθησαν, ὦ θεοί· δοκῶ, τυφλὸς Θέρσανδρος ἦν. ἀλλὰ δέομαι, Κλειτοφῶν δέσποτα (δεσπότης γὰρ εἶ ψυχῆς τῆς ἐμῆς), ἀπόδος σεαυτὸν τήμερον πρῶτα καὶ ὕστατα· ἐμοὶ δὲ ἡμέραι τὸ βραχὺ τοῦτο πολλαί. οὕτω μηκέτι Λευκίππην ἀπολέσειας, οὕτω μηκέτι μηδὲ ψευδῶς ἀποθάνοι. μὴ ἀτιμάσῃς τὸν ἔρωτα τὸν ἐμόν, δι´ ὃν τὰ μέγιστα εὐτυχεῖς. οὗτός σοι Λευκίππην ἀποδέδωκεν· εἰ γάρ σου μὴ ἠράσθην ἐγώ, εἰ γάρ σε μὴ ἐνταῦθα ἤγαγον, ἦν ἂν ἔτι σοι Λευκίππη νεκρά. εἰσίν, ὦ Κλειτοφῶν, καὶ Τύχης δωρεαί. ἤδη τις θησαυρῷ περιτυχὼν τὸν τόπον τῆς εὑρέσεως ἐτίμησε, βωμὸν ἤγειρε, θυσίαν προσήνεγκεν, ἐστεφάνωσε τὴν γῆν· σὺ δὲ παρ´ ἐμοὶ θησαυρὸν ἔρωτος εὑρὼν ἀτιμάζεις τὰ εὐεργετήματα. νόμιζέ σοι τὸν Ἔρωτα δι´ ἐμοῦ λέγειν· ‘Ἐμοὶ χάρισαι τοῦτο, Κλειτοφῶν, τῷ σῷ μυσταγωγῷ· μὴ ἀμύητον Μελίτην ἀπέλθῃς καταλιπών· καὶ τὸ ταύτης ἐμόν ἐστι πῦρ.’ ἄκουσον δὲ ὡς καὶ τἆλλα μοι μέλει περὶ σοῦ. λυθήσῃ μὲν γὰρ ἄρτι τῶν δεσμῶν, κἂν Θερσάνδρῳ μὴ δοκῇ. καταγωγῆς δὲ τεύξῃ τοσούτων ἡμερῶν, ὅσων ἐὰν θέλῃς, πρὸς ἐμὸν σύντροφον. ἕωθεν δὲ καὶ τὴν Λευκίππην παρέσεσθαι προσδόκα· διανυκτερεύσειν γὰρ ἔλεγεν εἰς τὸν ἀγρὸν βοτανῶν ἕνεκεν χάριν, ὡς ἐν ὄψει τῆς σελήνης αὐτὰς ἀναλάβοι. οὕτω γάρ μου κατεγέλα· ᾔτησα γὰρ φάρμακον παρ´ αὐτῆς ὡς Θετταλῆς κατὰ σοῦ. τί γὰρ ἠδυνάμην ἔτι ποιεῖν ἀποτυγχάνουσα ἢ βοτάνας ζητεῖν καὶ φάρμακα; αὕτη γὰρ τῶν ἐν ἔρωτι δυστυχούντων ἡ καταφυγή. ὁ Θέρσανδρος, ὡς καὶ περὶ τούτου θαρρήσῃς, ἐξεπήδησε πρὸς ἑταῖρον αὑτοῦ, ἐξανιστάμενος ἐμοὶ τῆς οἰκίας ὑπὸ ὀργῆς· δοκεῖ δ´ ἔμοιγε θεός τις αὐτὸν ἐντεῦθεν ἐξεληλακέναι, ἵνα σου τὰ τελευταῖα ταῦτα δυνηθῶ τυχεῖν. ἀλλά μοι σαυτὸν ἀπόδος."

Traduction française :

[5,26] Et comme je restais silencieux, la tête baissée, au bout d'un instant, elle reprit : « Ce que j'ai dit, mon chéri, n'était que l'expression de ma colère et de mon chagrin; dans ce que je vais dire maintenant, c'est l'amour qui va parler. J'ai beau être en colère, je brûle; même si l'on m'outrage, j'aime; fais la paix avec moi; aie pitié; je ne te demande plus maintenant bien des jours, une longue vie à deux, que j'étais assez malheureuse pour rêver avec toi; il me suffirait d'une seule étreinte. Je ne demande qu'un tout petit remède pour ma longue maladie; éteins seulement un petit peu le feu qui m'embrase. Si je me suis mise en colère contre toi, tout à l'heure, pardonne-moi, mon chéri; un amour malheureux va jusqu'à la folie. Je sais que je suis sans pudeur, mais je n'ai aucune pudeur à parler des mystères de l'amour. Je parle à un homme qui est initié. Tu sais ce que j'éprouve; les autres hommes ne voient pas les flèches du dieu, et personne ne pourrait montrer les coups qu'il décoche, seuls ceux qui aiment savent discerner les blessures de ceux qui sont comme eux. Je n'ai plus que ce seul jour; je te demande de tenir ta promesse. Souviens-toi d'Isis, respecte les serments que tu as prononcés là-bas. Si tu avais consenti à vivre avec moi, comme tu l'as juré, je ne me serais pas soucié de dix mille Thersandres. Mais puisque tu as trouvé Leucippé, et que le mariage devient impossible pour toi avec une autre femme, je t'accorde bien volontiers même cela. Je sais que j'ai perdu. Je ne demande rien de plus que ce que je puis obtenir. Contre moi se produisent tous les miracles. Même les morts ressuscitent. O mer, pendant que je te traversais, tu m'as sauvée; mais après m'avoir sauvée, tu m'as mieux perdue, en suscitant contre moi deux cadavres : il suffisait que Leucippé fût en vie pour que Clitophon renonçât à son chagrin; et voici maintenant ce sauvage de Thersandre qui est parmi nous! Tu as été frappé sous mes yeux, et j'étais assez malheureuse pour ne pas pouvoir te porter secours. Est-ce que des coups se sont abattus sur ce visage, ô dieux! Sans aucun doute : Thersandre était aveugle. Mais je t'en supplie, Clitophon, mon seigneur - car tu es le seigneur de mon âme - donne-toi à moi aujourd'hui, pour la première et la dernière fois. Pour moi, ces quelques instants seront beaucoup de jours. Puisses-tu ne plus jamais perdre Leucippé, puisse-t-elle ne plus jamais mourir, même en apparence! Ne méprise pas mon amour, bien que tu sois au comble du bonheur. C'est cet amour qui t'a rendu Leucippé; car, si je n'avais jamais été amoureuse de toi, si je ne t'avais pas ramené jusqu'ici, Leucippé serait encore pour toi une morte. Il y a, Clitophon, des présents de la Fortune! Lorsque quelqu'un rencontre un trésor, il vénère le lieu de sa trouvaille, il y élève un autel, il y offre un sacrifice, il dispose des guirlandes sur le sol; et toi, qui as trouvé auprès de moi un trésor d'amour, tu n'as aucun égard pour le bien que je t'ai fait ? Imagine que ce soit l'Amour qui te parle par ma voix : « Accorde-moi cette grâce, Clitophon, à moi, qui te guide dans les mystères. Ne quitte pas Mélitté sans l'initier; car le feu dont elle brûle est mon feu. » Tiens, écoute comme je m'occupe bien de tes affaires. Tu vas bientôt être délié de tes liens, même si ce n'est pas du goût de Thersandre; et tu auras un asile, pour autant de jours que tu le désireras, chez mon frère de lait. Demain matin, sois sûr que Leucippé viendra près de toi; elle a dit qu'elle voulait passer la nuit à la campagne pour trouver des plantes, afin de les cueillir au clair de lune. Là, elle s'est moquée de moi; car je lui ai demandé un philtre, parce qu'elle était thessalienne, pour m'en servir contre toi. Que pouvais-je donc faire d'autre, alors que j'avais échoué, que de chercher des herbes et des philtres ? Car c'est là le recours de ceux qui sont malheureux en amour! Thersandre, de son côté (je te le dis pour que tu sois tranquille aussi à mon sujet), est allé chez son camarade, et m'a abandonné la maison, dans sa rage. Il me semble qu'un dieu l'a éloigné d'ici pour que je puisse obtenir de toi cet ultime bienfait! Allons, donne-toi à moi! »





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Dernière mise à jour : 27/06/2006