Texte grec :
[5,23] Ἐγὼ δὲ τούτων ἐπιστάμενος οὐδὲν ἠθύμουν μέν, σκοπῶν
πῶς ἂν διακρουσαίμην καὶ τὴν ἐπιοῦσαν νύκτα τὴν γυναῖκα καὶ
πῶς ἂν συντυχεῖν Λευκίππῃ δυναίμην.
ἐδόκει δέ μοι κἀκείνη τὴν ἴσην σπουδὴν ποιεῖσθαι τοῦ ἀπελθεῖν δι´ αὐτὴν
εἰς τοὺς ἀγροὺς καὶ περὶ τὴν ἑσπέραν αὖθις ἥκειν. ἔμελλεν ἡ Μελίτη παρέξειν
ὄχημα· ἡμεῖς δὲ ἐπὶ τὸν πότον ᾖμεν.
ἄρτι δὲ κατακλιθέντων ἡμῶν θόρυβος πολὺς κατὰ τὸν ἀνδρῶνα ἀκούεται καὶ
συνδρομή, καὶ εἰστρέχει τις τῶν θεραπόντων, ἀσθμαίνων ἅμα καὶ λέγων·
"Θέρσανδρος ζῇ καὶ πάρεστιν."
ἦν δὲ ὁ Θέρσανδρος οὗτος ὁ τῆς Μελίτης ἀνήρ,
ὃν ἐνόμιζε τεθνηκέναι κατὰ θάλασσαν. τῶν γὰρ συνόντων αὐτῷ τινες
οἰκετῶν, ὡς περιετράπη τὸ σκάφος, σωθέντες καὶ νομίσαντες ἀπολωλέναι,
τοῦτο ἀπαγγείλαντες ἔτυχον. ἅμα οὖν ὁ οἰκέτης εἶπε καὶ ὁ
Θέρσανδρος κατὰ πόδας εἰστρέχει· πάντα γὰρ τὰ περὶ ἐμοῦ πυθόμενος
κατὰ τὴν ὁδόν, ἔσπευδε φθάσας καταλαβεῖν με.
ἡ μὲν δὴ Μελίτη ἀνέθορεν ὑπὸ ἐκπλήξεως τοῦ παραλόγου καὶ περιβάλλειν
ἐπεχείρει τὸν ἄνδρα. ὁ δὲ τὴν μὲν ὡς εἶχεν ὤθει μάλα ἐρρωμένως,
ἐμὲ δὲ ἰδὼν καὶ εἰπών· "Ὁ μοιχὸς οὗτος," ἐμπηδᾷ καὶ ῥαπίζει με
κατὰ κόρρης πληγὴν θυμοῦ γέμουσαν· ἑλκύσας δὲ τῶν τριχῶν ῥάσσει
πρὸς τοὔδαφος καὶ προσπίπτων κατακόπτει με πληγαῖς.
ἐγὼ δὲ ὥσπερ ἐν μυστηρίῳ μηδὲν 〈ᾔδειν〉, μήθ´ ὅστις ὁ ἄνθρωπος ἦν μήθ´
οὗ χάριν ἔτυπτεν, ὑποπτεύσας δέ τι κακὸν εἶναι ἐδεδοίκειν ἀμύνασθαι,
καίτοι δυνάμενος.
ἐπεὶ δὲ ἔκαμεν ὁ μὲν τύπτων, ἐγὼ δὲ φιλοσοφῶν, λέγω πρὸς αὐτὸν ἀναστάς·
"Τίς ποτε εἶ, ὦ ἄνθρωπε, καὶ τί με οὕτως ᾐκίσω;" ὁ δὲ ἔτι μᾶλλον ὀργισθείς,
ὅτι καὶ φωνὴν ἀφῆκα, ῥαπίζει πάλιν καὶ καλεῖ δεσμὰ καὶ πέδας.
δεσμεύουσιν οὖν με καὶ ἄγουσιν εἴς τι δωμάτιον.
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Traduction française :
[5,23] Moi, j'ignorais tout cela, et j'étais découragé, en me
demandant comment je pourrais faire attendre la dame
encore la nuit suivante, et comment je pourrais rencontrer
Leucippé. Et il me sembla que celle-ci avait éprouvé
un désir égal de partir toute seule à la campagne, annonçant
son intention de revenir vers le soir. Mélitté devait
lui fournir une voiture. Quant à nous, nous étions
au moment de boire et nous venions juste de nous installer
sur les lits de table lorsque nous entendons un
grand tumulte dans le quartier des hommes, des bruits de
course, et voici que l'un des serviteurs entre précipitamment,
tout essoufflé, et disant : «Thersandre est vivant; il
est là. » Ce Thersandre était le mari de Mélitté, qu'elle
croyait avoir péri en mer. Quelques-uns de ses serviteurs,
qui se trouvaient avec lui lorsque le bateau avait chaviré,
et s'étaient sauvés, l'avaient cru mort et en avaient
répandu la nouvelle. Le serviteur parlait encore que déjà
Thersandre se précipitait sur ses talons; il avait tout
appris à mon sujet en revenant et il se dépêchait pour me
surprendre et m'attraper. Mélitté se lève brusquement,
stupéfaite par l'étrangeté de la situation et fait mine
d'embrasser son mari. Mais lui, du même mouvement,
la repousse violemment et, me voyant, s'écrie : « Voilà
l'amant! » Il saute sur moi et me porte, au front, un
coup plein de rage. Puis il me traîne par les cheveux,
me jette à terre, s'abat sur moi et m'assomme de coups.
Et moi, complètement mystifié, je ne savais ni qui était
cet individu, ni pourquoi il me battait, mais, soupçonnant
qu'il y avait quelque mauvaise affaire, je craignais
de me défendre, alors que je l'aurais pu. Lorsque nous
fûmes las, lui de frapper et moi de me conduire en
philosophe, je me relevai et lui dis : « Qui donc es-tu,
l'homme ? Et pourquoi m'as-tu maltraité de cette façon ?»
Et lui fut encore plus irrité parce que j'avais parlé; il
recommença à me frapper et réclama des chaînes et des
fers. Alors on me ligota et on me poussa dans une petite pièce.
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