Texte grec :
[5,22] Τῇ δὲ ὑστεραίᾳ καλέσασα τὰς θεραπαινίδας, αἷς τὴν ἐπιμέλειαν
τῆς Λευκίππης ἐνεχείρισεν, ἐπηρώτα μὲν τὸ πρῶτον, εἰ δεξιῶς
αὐτῇ κέχρηνται. φασκουσῶν δὲ μηδὲν τῶν δεόντων παραλιπεῖν αὐτῇ,
ἄγειν ἐκέλευσε τὴν ἄνθρωπον πρὸς αὐτήν.
ὡς δὲ ἦλθε, "Τὰ μὲν ἐμὰ ὅπως ἔσχεν," ἔφη, "πρὸς σὲ φιλανθρωπίας, περισσὸν
εἰδυίᾳ σοι λέγειν. δικαία τυγχάνειν, ἀλλ´ οἷς ἂν δύνῃ, τὴν ἴσην ἀπότισαί μοι
χάριν. ἀκούω τὰς Θετταλὰς ὑμᾶς ὧν ἂν ἐρασθῆτε μαγεύειν οὕτως,
ὥστε μὴ πρὸς ἑτέραν ἔτι τὸν ἄνθρωπον ἀποκλίνειν γυναῖκα πρός τε
τὴν μαγεύουσαν οὕτως ἔχειν, ὡς πάντα νομίζειν ἐκείνην αὐτῷ.
ἐμοὶ τοῦτο, ὦ φιλτάτη, φλεγομένῃ πάρασχε φάρμακον. τὸν νεανίσκον
εἶδες τὸν ἅμα ἐμοὶ χθὲς βαδίζοντα;" "Τὸν ἄνδρα", ἔφη, "λέγεις τὸν
σόν;" ὑπολαβοῦσα πάνυ κακοήθως ἡ Λευκίππη· "τοῦτο γὰρ ἀκήκοα
παρὰ τῶν κατὰ τὴν οἰκίαν." "Ποῖον ἄνδρα;" Μελίτη εἶπεν· "οὐδὲν
κοινόν ἐστιν ἢ τοῖς λίθοις.
ἀλλ´ ἐμὲ παρευδοκιμεῖ τις νεκρά· οὔτε γὰρ ἐσθίων οὔτε κοιμώμενος ἐπιλαθέσθαι
δύναται τοῦ Λευκίππης ὀνόματος· τοῦτο γὰρ αὐτὴν καλεῖ. ἐγὼ δέ, φίλη, μηνῶν
τεσσάρων ἐν Ἀλεξανδρείᾳ δι´ αὐτὸν διέτριψα, δεομένη, λιπαροῦσα, ὑπισχνουμένη,
τί γὰρ οὐ λέγουσα, τί δὲ οὐ ποιοῦσα τῶν ἀρέσαι δυναμένων;
ὁ δὲ σίδηρός τις ἢ ξύλον ἤ τι τῶν ἀναισθήτων ἦν ἄρα πρὸς τὰς
δεήσεις τὰς ἐμάς. μόλις δὲ τῷ χρόνῳ πείθεται· ἐπείσθη δὲ μέχρι
τῶν ὀμμάτων. ὄμνυμι γάρ σοι τὴν Ἀφροδίτην αὐτήν, ὡς ἤδη πέμπτην
ἡμέραν αὐτῷ συγκαθεύδουσα οὕτως ἀνέστην ὡς ἀπὸ εὐνούχου.
ἔοικα δὲ εἰκόνος ἐρᾶν· μέχρι γὰρ τῶν ὀμμάτων ἔχω τὸν ἐρώμενον.
δέομαι δέ σου γυναικὸς γυνὴ τὴν αὐτὴν δέησιν, ἣν καὶ σύ μου
χθὲς ἐδεήθης· δός μοί τι ἐπὶ τοῦτον τὸν ὑπερήφανον· σώσεις γάρ
μου τὴν ψυχὴν διαρρεύσασαν ἤδη."
ὡς οὖν ἤκουσεν ἡ Λευκίππη,
ἡσθῆναι μὲν ἐδόκει τῷ μηδὲν πρὸς τὴν ἄνθρωπόν μοι πεπρᾶχθαι·
φήσασα δὲ ἀνερευνήσειν, εἰ συγχωρήσειεν αὐτῇ, βοτάνας γενομένη
κατὰ τοὺς ἀγρούς, ἀπιοῦσα ᾤχετο· ἀρνουμένη γὰρ οὐκ ᾤετο πίστιν
ἕξειν· ὅθεν οἶμαι καὶ ἐπηγγείλατο.
ἡ μὲν δὴ Μελίτη ῥᾴων ἐγεγόνει μόνον ἐλπίσασα. τὰ γὰρ ἡδέα, κἂν μήπω
παρῇ, τέρπει ταῖς ἐλπίσιν.
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Traduction française :
[5,22] Le lendemain, elle appela les petites servantes
auxquelles elle avait confié le soin de Leucippé et elle
leur demanda d'abord si elles l'avaient traitée convenablement;
elles affirmèrent qu'elle n'avait manqué de rien;
alors, elle donna l'ordre d'amener la jeune fille devant
elle. Et lorsqu'elle fut là : « Il serait superflu de te rappeler
les bons procédés dont j'ai usé envers toi, tu les
connais. Eh bien, dans la mesure où tu le peux, rends-moi,
en échange, un service aussi important. On me dit
que vous autres, Thessaliennes, vous ensorcelez les
hommes que vous aimez de telle façon qu'ils n'éprouvent
aucune inclination pour aucune autre femme et qu'ils
considèrent celle qui les a ensorcelés comme étant tout
pour eux. Eh bien, ma chère, je brûle; procure-moi ce
philtre-là. Tu as vu le jeune homme, qui se promenait
hier avec moi ? - Tu veux dire, « ton mari ? » répondit
méchamment Leucippé; c'est du moins ce que m'ont dit
tes gens. - Mon mari ? répondit Mélitté; de mari pour
moi pas plus qu'une pierre. J'ai pour rivale une morte,
qu'il me préfère; ni à table ni au lit il ne peut oublier
le nom de Leucippé - c'est ainsi qu'il l'appelle. Et
moi, ma chère, j'ai passé quatre mois à Alexandrie à
cause de lui, à le prier, à le poursuivre, à lui faire des
promesses; que n'ai-je pas dit! Que n'ai-je pas fait pour
lui plaire ! Mais lui, il était de fer, il était de bois, ou
de quelque matière insensible, devant mes prières. Avec
bien du mal, à force de temps, il se laisse persuader;
mais persuader seulement de me voir; car, je te le jure
par Aphrodite elle-même, il y a maintenant cinq nuits
que je dors près de lui, et, le matin, je me suis levée
comme si j'avais dormi avec un eunuque. C'est comme
si j'étais amoureuse d'une statue; il n'y a que mes yeux
qui jouissent de lui. Et je viens, en femme, à toi, qui es
femme, comme tu me priais hier. Donne-moi quelque
chose qui agisse sur cet orgueilleux, sauve mon âme qui,
éjà, m'abandonne. »
A ce discours, Leucippé fut ravie de ce que rien ne
se fût passé entre la dame et moi; elle dit que, si on le
lui permettait, elle irait chercher des plantes dans les
champs et s'en alla. Elle pensait en effet que, si elle avait
dit qu'elle ne connaissait pas la magie, on ne l'aurait
pas crue; c'est pourquoi, je pense, elle promit son aide.
Mélitté se calma, rien que parce qu'elle espérait; car
les plaisirs attendus, même absents, réjouissent le coeur
par le seul pouvoir de l'espérance.
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