Texte grec :
[5,21] Δίδωμι δὴ τῷ Σατύρῳ τὴν ἐπιστολὴν καὶ δέομαι τὰ εἰκότα
εἰπεῖν πρὸς αὐτὴν περὶ ἐμοῦ. ἐγὼ δὲ αὖθις ἐπὶ τὸ συμπόσιον ἀπῄειν,
ἡδονῆς ἅμα καὶ λύπης γεγεμισμένος. ᾔδειν γὰρ τὴν Μελίτην οὐκ
ἀνήσουσάν με τῆς νυκτὸς τὸ μὴ οὐ γενέσθαι τοὺς γάμους ἡμῖν· ἐμοὶ
δὲ ἀδύνατον ἦν Λευκίππην ἀπολαβόντι γυναῖκα ἑτέραν κἂν ἰδεῖν.
τὸ μὲν οὖν πρόσωπον ἐβιαζόμην μηδὲν ἀλλοῖον παρέχειν ἢ πρὶν
ἦν· οὐ πάντῃ δὲ κρατεῖν ἠδυνάμην. ὡς δὲ ἐνικώμην, σκήπτομαι
φρίκην μοι ὑποδραμεῖν. ἡ δὲ συνῆκε μὲν ὅτι κατὰ τῆς ὑποσχέσεως
προοιμιάζομαι, ἐλέγχειν δὲ οὐκ ἠδύνατο τὸ προοίμιον.
ἐγὼ μὲν δὴ ἄδειπνος ἀνίσταμαι κοιμησόμενος, ἡ δὲ κατὰ πόδας ὡς εἶχεν
ἐφ´ ἡμιτελεῖ τῷ δείπνῳ συνανίσταται. ὡς δὲ εἰς τὸν θάλαμον παρήλθομεν,
ἐγὼ μὲν ἔτι μᾶλλον ἐπέτεινον τῆς νόσου τὴν ὑπόκρισιν, ἡ δὲ
ἐλιπάρει καὶ ἔλεγε· "Τί ταῦτα ποιεῖς; μέχρι τίνος με ἀπολλύεις;
ἰδοὺ καὶ τὴν θάλασσαν διεπλεύσαμεν· ἰδοὺ καὶ Ἔφεσος, ἡ προθεσμία
τῶν γάμων.
ποίαν ἔτι περιμένομεν ἡμέραν; μέχρι τίνος ὡς ἐν ἱερῷ συγκαθεύδομεν;
ποταμὸν παρατιθεὶς πολὺν κωλύεις πίνειν.
τοσοῦτον χρόνον ὕδωρ ἔχουσα διψῶ, ἐν αὐτῇ καθεύδουσα τῇ πηγῇ.
τοιαύτην ἔχω τὴν εὐνήν, οἵαν ὁ Τάνταλος τὴν τροφήν."
ταῦτα ἔλεγε καὶ ἔκλαεν, ἐπιθεῖσά μου τοῖς στέρνοις τὴν κεφαλὴν οὕτως
ἐλεεινῶς, ὥστε συμπαθεῖν μέ τι τὴν ψυχήν. οὐκ εἶχον δὲ ὅστις
γένωμαι· καὶ γὰρ ἐδόκει μοι δίκαια ἐγκαλεῖν.
λέγω οὖν πρὸς αὐτήν· "Ὄμνυμί σοι, φιλτάτη, τοὺς πατρῴους θεούς, ἦ μὴν σφόδρα
καὶ αὐτὸς ἐπείγεσθαί σου τὴν σπουδὴν ἀμείψασθαι. ἀλλ´ οὐκ οἶδα,"
ἔφην, "τί πέπονθα· νόσος γάρ μοι ἐξαίφνης ἐνέπεσεν.
οἶσθα δὲ ὅτι ὑγιείας χωρὶς οὐδέν ἐστιν Ἀφροδίτη." καὶ ἅμα λέγων ἀπέψων
αὐτῆς τὰ δάκρυα καὶ ὅρκοις ἑτέροις ἐπιστούμην, ὡς οὐκ εἰς μακρὰν
ὧν θέλει τεύξεται. τότε μὲν οὖν καὶ μάλα μόλις ἠνέσχετο.
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Traduction française :
[5,21] Je donnai la lettre à Satyros et lui demandai de
parler de moi à Leucippé de façon équitable. Puis je
retournai au banquet, rempli à la fois de joie et de chagrin.
Car je savais que Mélitté ne tolérerait pas que,
cette nuit, je ne consomme pas notre mariage, et il
m'était impossible, maintenant que j'avais retrouvé
Leucippé, même de regarder une autre femme. Je contraignis
mon visage à ne pas prendre une expression différente
de celle que j'avais avant, mais je ne pus y parvenir
tout à fait. Et, sentant ma défaite, je prétendis que j'avais
été saisi d'un frisson. Mélitté soupçonna que je me préparais
à lui manquer de parole, mais elle ne put pas
prouver que c'était un pur prétexte. Je me levai sans
achever de dîner et j'allai me coucher. Elle, nu-pieds
comme elle était, se lève comme moi, le dîner inachevé.
Lorsque nous fûmes arrivés dans la chambre, je fis
davantage encore semblant d'être malade, mais elle
devint plus pressante et me dit : « Pourquoi agis-tu
ainsi ? Jusqu'à quand seras-tu ma mort ? Regarde :
nous avons traversé la mer; voici Ephèse, où tu as promis
de m'épouser. Quel jour attendons-nous encore ?
Jusqu'à quand dormirons-nous l'un près de l'autre
comme si nous étions dans un temple ? Tu mets devant
moi un grand fleuve, et tu m'empêches de boire. Tout
ce temps-là, j'ai de l'eau et j'ai soif, et pourtant, je dors
auprès même de la source. Mon lit est pour moi ce que
son banquet est à Tantale. » Et, en parlant de la sorte,
elle pleurait, et elle posa la tête sur ma poitrine si tristement
que j'éprouvai pour elle de la sympathie. Je lui dis
alors : « Je te jure, ma chérie, par les dieux de ma patrie,
que j'ai moi aussi le plus grand désir de répondre à ta
passion. Mais je ne sais, ajoutai-je, ce que j'ai. J'ai été
pris d'un malaise soudain, et tu sais que, sans la santé,
il n'y a pas de jouissance. » Tout en parlant, j'essuyais
ses larmes, et je lui assurais avec de nouveaux serments
qu'elle obtiendrait bientôt ce qu'elle désirait. Alors, mais
non sans beaucoup de peine, elle se contint.
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