Texte grec :
[5,20] "Οἴμοι, πῶς ἀπολογήσομαι, Σάτυρε;" ἔφην· "ἑαλώκαμεν.
Λευκίππη κατέγνωκεν ἡμῶν· τάχα δὲ καὶ μεμισήμεθα. ἀλλὰ πῶς
ἐσώθη, φράσον σύ· καὶ τίνος σῶμα ἐθάψαμεν;" "Αὐτή σοι κατὰ
καιρὸν φράσει· τὸ δὲ νῦν," ὁ Σάτυρος ἔφη, "ἀντιγράψαι σε δεῖ καὶ
ἱλάσασθαι τὴν κόρην.
κἀγὼ γὰρ αὐτῇ διωμοσάμην, ὡς ἄκων αὐτὴν ἔγημας." "Εἶπας γάρ," ἔφην,
"ὅτι καὶ ἔγημα; ἀπολώλεκάς με."
"Τῆς εὐηθείας· ὅλη γὰρ ἡ πόλις οὐκ οἶδε τὸν γάμον;" "Ἀλλ´ οὐκ
ἔγημα, μὰ τὸν Ἡρακλέα, Σάτυρε, καὶ τὴν παροῦσαν τύχην."
"Παίζεις, ὠγαθέ· συγκαθεύδεις." "Οἶδα μὲν ἄπιστα λέγων, ἀλλ´ οὔπω
πέπρακται· καθαρὸς εἰς ταύτην τὴν ἡμέραν Μελίτης Κλειτοφῶν.
ἀλλὰ τί γράφω, λέγε· σφόδρα γάρ με ἐξέπληξε τὸ συμβάν, ὥστε
ἀπόρως ἔχω." "Οὔκ εἰμί σου σοφώτερος," ὁ Σάτυρος εἶπεν· "ἀλλὰ
καὶ αὐτός σοι ὁ Ἔρως ὑπαγορεύσει. μόνον διὰ ταχέων." ἄρχομαι δὴ γράφειν·
"Χαῖρέ μοι, ὦ δέσποινα Λευκίππη. δυστυχῶ μὲν ἐν οἷς εὐτυχῶ,
ὅτι σὲ παρὼν παροῦσαν ὡς ἀποδημοῦσαν ὁρῶ διὰ γραμμάτων. εἰ μὲν
οὖν τὴν ἀλήθειαν περιμένεις, μηδὲν προκαταγινώσκουσά μου, μαθήσῃ
τὴν σήν με παρθενίαν μεμιμημένον, εἴ τις ἔστι καὶ ἐν ἀνδράσι
παρθενία· εἰ δέ με χωρὶς ἀπολογίας ἤδη μεμίσηκας, ὄμνυμί σοι τοὺς
σώσαντάς σε θεούς, ὡς ἐν βραχεῖ σοι τὸ ἔργον ἀπολογήσομαι. ἔρρωσό
μοι, φιλτάτη, καὶ ἵλεως γένοιο."
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Traduction française :
[5,20] « Hélas, comment m'excuserai-je, Satyros ? dis-je,
je suis perdu. Leucippé m'a condamné, et peut-être
même me hait-elle ! Mais, comment a-t-elle été sauvée,
dis-le moi ? Quel est le cadavre que nous avons enseveli ?
- Elle te racontera tout cela en son temps. Pour l'instant,
dit Satyros, il te faut répondre à sa lettre, et la
calmer. Je lui ai moi-même déjà juré que tu as épousé
cette femme contre ton gré. - Tu lui as dit, m'écriai-je,
que je l'ai épousée ? Tu m'as perdu. - Quelle sottise!
Est-ce que toute la ville ne connaît pas ton mariage ? -
Mais je ne suis pas marié, Satyros, par Héraclès, et par
la Bonne Fortune qui m'échoit! - Tu veux rire, mon
cher; tu dors avec elle! - Je sais que ce que je dis est
peu croyable, mais c'est pourtant la vérité. Jusqu'à
aujourd'hui, Clitophon n'a pas connu Mélitté. Que
vais-je écrire ? Dis-le moi. Ce qui vient d'arriver m'a
tellement stupéfait que je ne sais absolument que dire.
- Je ne suis pas plus malin que toi, dit Satyros; mais
Amour lui-même te soufflera. Seulement, dépêche-toi! »
Je commence alors à écrire :
« Clitophon à Leucippé, salut!
Salut et joie, Leucippé, ma reine! Je suis malheureux dans
mon bonheur, parce que je suis là et tu es là, mais ta lettre
me montre que tu es loin de moi. Si tu veux attendre la vérité
et ne pas me condamner sans m'entendre, tu apprendras
que je suis aussi vierge que toi-même, s'il y a une virginité
masculine. Mais si, sans que j'aie pu me défendre, tu m'as
déjà pris en haine, je te jure, par les dieux qui t'ont sauvée,
que bientôt je saurai me disculper devant toi pour toute cette
affaire. Porte-toi bien, ma bien-aimée, et sois bonne avec moi. »
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