Texte grec :
[5,13] Ἡ δὲ ὡς εἶδέ με, ἀναθοροῦσα περιβάλλει καὶ πᾶν μου τὸ
πρόσωπον ἐμπίπλησι φιλημάτων. ἦν δὲ τῷ ὄντι καλή, καὶ γάλακτι
μὲν ἂν εἶπες τὸ πρόσωπον αὐτῆς κεχρῖσθαι, ῥόδον δὲ ἐμπεφυτεῦσθαι
ταῖς παρειαῖς.
ἐμάρμαιρεν αὐτῆς τὸ βλέμμα μαρμαρυγὴν Ἀφροδίσιον· κόμη πολλὴ
καὶ βαθεῖα καὶ κατάχρυσος τῇ χροιᾷ, ὥστε ἔδοξα οὐκ ἀηδῶς ἰδεῖν τὴν γυναῖκα.
τὸ μὲν οὖν δεῖπνον ἦν πολυτελές· ἡ δὲ ἐφαπτομένη τῶν παρακειμένων,
ὡς δοκεῖν ἐσθίειν, οὐκ ἠδύνατο τυχεῖν ὁλοκλήρου τροφῆς, πάντα δὲ ἔβλεπέ με.
οὐδὲν γὰρ ἡδὺ τοῖς ἐρῶσι πλὴν τὸ ἐρώμενον· τὴν γὰρ ψυχὴν πᾶσαν ὁ ἔρως
καταλαβὼν οὐδὲ αὐτῇ χώραν δίδωσι τῇ τροφῇ.
ἡ δὲ τῆς θέας ἡδονὴ διὰ τῶν ὀμμάτων εἰσρέουσα τοῖς στέρνοις ἐγκάθηται·
ἕλκουσα δὲ τοῦ ἐρωμένου τὸ εἴδωλον ἀεί, ἐναπομάττεται τῷ τῆς ψυχῆς
κατόπτρῳ καὶ ἀναπλάττει τὴν μορφήν· ἡ δὲ τοῦ κάλλους ἀπορροὴ δι´
ἀφανῶν ἀκτίνων ἐπὶ τὴν ἐρωτικὴν ἑλκομένη καρδίαν ἐναποσφραγίζει
κάτω τὴν σκιάν.
λέγω δὴ πρὸς αὐτὴν συνείς· "Ἀλλὰ σύ γε οὐδενὸς μετέχεις τῶν σαυτῆς,
ἀλλ´ ἔοικας τοῖς ἐν γραφαῖς ἐσθίουσιν."
ἡ δέ, "Ποῖον γὰρ ὄψον," ἔφη, "μοι πολυτελὲς ἢ ποῖος οἶνος τιμιώτερος
τῆς σῆς ὄψεως;" καὶ ἅμα λέγουσα κατεφίλησέ με, προσιέμενον
οὐκ ἀηδῶς τὰ φιλήματα· εἶτα διασχοῦσα εἶπεν· "Αὕτη μοι τροφή."
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Traduction française :
[5,13] Dès qu'elle me vit, elle se précipita, me prit dans
ses bras et me couvrit le visage de baisers. De fait, elle
était belle et l'on aurait dit que son visage était de lait,
et que des roses étaient épanouies sur ses joues. Son
regard brillait d'un éclat amoureux; sa chevelure était
abondante et profonde, couleur d'or, si bien que ce ne
fut pas sans plaisir que je vis cette femme. Le dîner était
somptueux; elle prenait un peu de ce que l'on servait,
pour avoir l'air de manger, mais en réalité elle ne pouvait
pas toucher à la nourriture, elle ne faisait que me regarder.
Car il n'y a rien de doux aux amoureux que de
voir ce qu'ils aiment; l'amour s'empare de toute l'âme
et ne laisse aucune place pour les plaisirs de la table. Le
plaisir que donne la vue pénètre par les yeux et s'installe
dans la poitrine; entraînant toujours avec lui l'image
de l'aimé, il l'imprime dans le miroir de l'âme et y
grave sa ressemblance; les émanations issues de la beauté,
portées par des rayons invisibles, se transportent jusque
dans le coeur amoureux et y laissent profondément
l'empreinte de son reflet. Je m'en aperçus et lui dis :
« Quoi! tu ne touches pas à ce que tu sers toi-même, tu
ressembles aux personnages que l'on représente en train de
manger, en peinture. » Et elle : «Quels mets délicieux, dit-elle,
quel vin pourraient-ils être préférables à ta vue ? »
Et, tout en parlant, elle m'embrassa, et j'acceptai ses
baisers non sans plaisir. Et, en s'écartant de moi, elle
dit : « Voici ma nourriture. »
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