Texte grec :
[5,11] Ταῦτα ἀκούσας ἀνῴμωξα ἐπὶ τῇ τῆς Τύχης παιδιᾷ, "Ὦ
δαῖμον," λέγων, "νῦν μὲν Σώστρατός μοι Λευκίππην ἐκδίδωσι καί
μοι γάμος ἐκ μέσου πολέμου πέμπεται, μετρήσας ἀκριβῶς τὰς ἡμέρας,
ἵνα μὴ φθάσῃ τὴν φυγήν.
ὢ τῶν ἐξώρων εὐτυχημάτων· ὢ μακάριος ἐγὼ παρὰ μίαν ἡμέραν·
μετὰ θάνατον γάμοι, μετὰ θρῆνον ὑμέναιοι. τίνα μοι δίδωσι νύμφην ἡ Τύχη,
ἣν οὐδὲ ὁλόκληρόν μοι δέδωκε νεκράν;"
"Οὐ θρήνων νῦν καιρός," ὁ Κλεινίας εἶπεν, "ἀλλὰ σκεψώμεθα πότερον
εἰς τὴν πατρίδα σοι νῦν ἀνακομιστέον ἢ τὸν πατέρα ἐνταῦθα ἀναμενητέον."
"Οὐδέτερον," εἶπον· "ποίῳ γὰρ ἴδοιμι προσώπῳ τὸν πατέρα, μάλιστα μὲν οὕτως
αἰσχρῶς φυγών, εἶτα καὶ τὴν παρακαταθήκην αὐτοῦ τἀδελφοῦ διαφθείρας;
φεύγειν οὖν ἐντεῦθεν ὑπολείπεται πρὶν ἥκειν αὐτόν."
ἐν τούτῳ δὴ ὁ Μενέλαος ὑπεισέρχεται καὶ ὁ Σάτυρος μετ´ αὐτοῦ, καὶ τόν
τε Κλεινίαν περιπτύσσονται καὶ μανθάνουσι παρ´ ἡμῶν τὰ πεπραγμένα.
καὶ ὁ Σάτυρος, "Ἀλλ´ ἔστι σοι," ἔφη, "καὶ τὰ παρόντα θέσθαι καλῶς καὶ
ἐλεῆσαι ψυχὴν ἐπὶ σοὶ φλεγομένην. ἀκουσάτω δὴ καὶ ὁ Κλεινίας.
ἡ Ἀφροδίτη μέγα τούτῳ παρέσχεν ἀγαθόν, ὁ δὲ οὐκ ἐθέλει λαβεῖν.
γυναῖκα γὰρ ἐξέμηνεν ἐπ´ αὐτῷ πάνυ καλήν, ὥστε ἂν ἰδὼν αὐτὴν
εἴποις ἄγαλμα, Ἐφεσίαν τὸ γένος, ὄνομα Μελίτην· πλοῦτος πολὺς
καὶ ἡλικία νέα.
τέθνηκε δὲ αὐτῆς προσφάτως ὁ ἀνὴρ κατὰ θάλασ σαν·
βούλεται δὲ τοῦτον ἔχειν δεσπότην, οὐ γὰρ ἄνδρα ἐρῶ, καὶ
δίδωσιν ἑαυτὴν καὶ πᾶσαν ἑαυτῆς τὴν οὐσίαν. δι´ αὐτὸν γὰρ τέσσαρας
μῆνας ἐνθάδε διέτριψεν, ἀκολουθῆσαι δεομένη. ὁ δὲ οὐκ οἶδα τί
παθὼν ὑπερηφανεῖ, νομίζων αὐτῷ Λευκίππην ἀναβιώσεσθαι."
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Traduction française :
[5,11] En entendant ses paroles, je gémis sur la façon
dont la Fortune s'était jouée de nous : « O déesse,
disais-je, Sostratos me donne la main de Leucippé, il
m'envoie cette épouse du milieu même de la guerre,
mais prend si bien son temps qu'il arrive après notre
fuite! O bonheur hors de saison! O que je suis heureux
- à un jour près! Après la mort, les noces, après le
chant funèbre, le chant d'hyménée! Quelle est cette
fiancée que me donne la Fortune, elle qui ne m'a pas
donné son cadavre tout entier! - Ce n'est pas le moment
de se lamenter, dit Clinias, demandons-nous d'abord
s'il vaut mieux pour toi retourner dès maintenant dans
ta patrie ou attendre ici ton père. - Ni l'un ni l'autre,
dis-je; de quel front pourrais-je regarder mon père,
surtout après m'être enfui d'une façon si vilaine, et,
de plus, alors que j'ai causé, par ma faute, la perte du
dépôt que lui avait confié son frère ? M'enfuir d'ici
avant qu'il n'arrive est la seule solution qui me reste.
Sur ces entrefaites arrive Ménélas, accompagné de
Satyros; ils embrassent Clinias et nous leur apprenons
la situation. Alors Satyros : « Tu as la possibilité,
dit-il, à la fois de régler au mieux tes affaires présentes et
de faire du bien à une âme enflammée pour toi. Que
Clinias apprenne lui aussi ce qu'il en est. Aphrodite lui
a offert quelque chose de magnifique, et lui se refuse
à l'accepter. Elle a rendu folle de lui une femme fort
belle, si belle qu'à la voir on la prendrait pour une statue.
Elle est d'Ephèse, et s'appelle Mélitté; elle est fort riche,
et jeune. Son mari est, tout récemment, mort en mer;
elle veut prendre l'homme que voici pour son maître
- je dis maître, et non mari; elle se donne à lui, elle-même
et toute sa fortune. A cause de lui, elle est restée
ici quatre mois, lui demandant de l'accompagner. Mais
lui, pour je ne sais quelle cause, s'y refuse, dans la pensée
que sa Leucippé va ressusciter. »
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