| [5,8] Ταῦτα καταθρηνήσας καὶ θάψας τὸ σῶμα πάλιν εἰς τὴν Ἀλεξάνδρειαν 
 ἔρχομαι, καὶ θεραπευθεὶς ἄκων τὸ τραῦμα, τοῦ Μενελάου
 με παρηγοροῦντος, διεκαρτέρησα ζῶν.
 καὶ ἤδη μοι γεγόνεσαν μῆνες ἕξ, καὶ τὸ πολὺ τοῦ πένθους ἤρχετο μαραίνεσθαι. 
 χρόνος γὰρ λύπης φάρμακον καὶ πεπαίνει τῆς ψυχῆς τὰ ἕλκη. μεστὸς γὰρ ἥλιος 
 ἡδονῆς· καὶ τὸ λυπῆσαν πρὸς ὀλίγον, κἂν ᾖ καθ´ ὑπερβολήν, ἀναζεῖ μέν, ἐφ´
 ὅσον ἡ ψυχὴ καίεται, τῇ δὲ τῆς ἡμέρας ψυχαγωγίᾳ νικώμενον καταψύχεται. 
 καί μού τις κατόπιν βαδίζοντος ἐν ἀγορᾷ τῆς χειρὸς ἄφνω λαβόμενος ἐπιστρέφει 
 καὶ οὐδὲν εἰπὼν προσπτυξάμενός με πολλὰ κατεφίλει.
 ἐγὼ δὲ τὸ μὲν πρῶτον οὐκ ᾔδειν ὅστις ἦν, ἀλλ´ εἱστήκειν ἐκπεπληγμένος 
 καὶ δεχόμενος τὰς προσβολὰς τῶν ἀσπασμάτων,
 ὡς φιλημάτων σκοπός· ἐπεὶ δὲ μικρὸν διέσχε καὶ τὸ πρόσωπον 
 εἶδον, Κλεινίας δὲ ἦν, ἀνακραγὼν ὑπὸ χαρᾶς ἀντιπεριβάλλω τε αὐτὸν
 καὶ τὰς αὐτὰς ἀπεδίδουν περιπλοκάς, καὶ μετὰ ταῦτα εἰς τὴν καταγωγὴν 
 ἀνήλθομεν τὴν ἐμήν. καὶ ὁ μὲν τὰ αὑτοῦ μοι διηγεῖτο, ὅπως
 ἐκ τῆς ναυαγίας περιγένοιτο, ἐγὼ δὲ τὰ περὶ τῆς Λευκίππης ἅπαντα.
 | [5,8] Après ces lamentations funèbres, et le corps une 
fois enseveli, je rentrai à Alexandrie, où, bien à contre-coeur, 
je fis soigner ma blessure, et, grâce aux exhortations 
de Ménélas, je trouvai le courage de vivre. Et déjà 
six mois s'étaient écoulés, et le plus fort de mon chagrin 
commençait à s'estomper — car le temps est un remède à 
la douleur et guérit les plaies de l'âme. La lumière du 
soleil est pleine de joie et, peu à peu, le chagrin, même 
s'il s'agit d'une douleur extrême, ne continue à bouillonner 
qu'autant que l'âme est en feu, mais, gagné par 
l'influence des jours, il finit par se laisser vaincre et 
s'apaise. Un jour, comme je me promenais sur la grande 
place, quelqu'un, derrière moi, me saisit soudain la main, 
me força à me retourner et, sans rien dire, me prit 
dans ses bras et me donna mille baisers. Et moi, d'abord, 
je ne savais pas qui c'était; je restai debout, stupéfait, 
recevant tous ces assauts de tendresse, comme une cible 
à baisers; mais, au bout de quelques instants, je vis aussi 
le visage de l'homme : c'était Clinias. Alors je poussai 
un cri de joie, je le pris à mon tour dans mes bras et lui 
rendis les mêmes embrassements. Ensuite nous allâmes 
chez moi, et il me raconta ce qui lui était arrivé et la 
façon dont il s'était tiré du naufrage; et moi, je lui dis 
toute l'histoire de Leucippé.
 |