HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre V

Chapitre 1

  Chapitre 1

[5,0] LIVRE V [5,0] LIVRE V
[5,1] Τριῶν δὲ πλεύσαντες ἡμερῶν εἰς Ἀλεξάνδρειαν ἤλθομεν. ἀνιόντι δέ μοι κατὰ τὰς Ἡλίου καλουμένας πύλας συνηντᾶτο εὐθὺς τῆς πόλεως ἀστράπτον τὸ κάλλος καί μου τοὺς ὀφθαλμοὺς ἐγέμισεν ἡδονῆς. στάθμη μὲν κιόνων ὄρθιος ἑκατέρωθεν ἐκ τῶν Ἡλίου πυλῶν ἐς τὰς Σελήνης πύλας· οὗτοι γὰρ τῆς πόλεως οἱ πυλωροί. ἐν μέσῳ δὴ τῶν κιόνων τῆς πόλεως τὸ πεδίον. ὁδὸς δὲ διὰ τοῦ πεδίου πολλὴ καὶ ἔνδημος ἀποδημία. ὀλίγους δὲ τῆς πόλεως σταδίους προελθὼν ἦλθον εἰς τὸν ἐπώνυμον Ἀλεξάνδρου τόπον. εἶδον δὲ ἐν τεῦθεν ἄλλην πόλιν καὶ σχιζόμενον ταύτῃ τὸ κάλλος. ὅσος γὰρ κιόνων ὄρχατος εἰς τὴν εὐθυωρίαν, τοσοῦτος ἕτερος εἰς τὰ ἐγκάρσια. ἐγὼ δὲ μερίζων τοὺς ὀφθαλμοὺς ἐς πάσας τὰς ἀγυιὰς θεατὴς ἀκόρεστος ἤμην καὶ τὸ κάλλος ὅλον οὐκ ἐξήρκουν ἰδεῖν. τὰ μὲν ἔβλεπον, τὰ δὲ ἔμελλον, τὰ δὲ ἠπειγόμην ἰδεῖν, τὰ δὲ οὐκ ἤθελον παρελθεῖν· ἐκράτει τὴν θέαν τὰ ὁρώμενα, εἷλκε τὰ προσδοκώμενα. περιάγων οὖν ἐμαυτὸν εἰς πάσας τὰς ἀγυιὰς καὶ πρὸς τὴν ὄψιν δυσερωτιῶν εἶπον καμών· "Ὀφθαλμοί, νενικήμεθα." εἶδον δὲ δύο καινὰ καὶ παράλογα, μεγέθους πρὸς κάλλος ἅμιλλαν καὶ δήμου πρὸς πόλιν φιλονεικίαν καὶ ἀμφότερα νικῶντα· μὲν γὰρ ἠπείρου μείζων ἦν, δὲ πλείων ἔθνους. καὶ εἰ μὲν εἰς τὴν πόλιν ἀπεῖδον, ἠπίστουν εἰ πληρώσειέ τις δῆμος αὐτὴν ἀνδρῶν, εἰ δὲ εἰς τὸν δῆμον ἐθεασάμην, ἐθαύμαζον εἰ χωρήσειέ τις αὐτὸν πόλις. τοιαύτη τις ἦν ἰσότητος τρυτάνη. [5,1] Après une navigation de trois jours, nous arrivâmes à Alexandrie. Lorsque j'y entrai, par la porte dite du Soleil, j'eus immédiatement devant moi l'incomparable beauté de la ville, et mes yeux furent remplis de plaisir. Une rangée de colonnes, rectiligne, s'étend des deux côtés, de la porte du Soleil à celle de la Lune, car ces deux divinités ont la garde des portes de la ville. Entre les deux colonnades la plaine où s'étend la ville, et la traversée de cette plaine est longue, c'est tout un voyage, sans sortir du même lieu. Je marchai encore quelques stades après la ville, et je parvins à l'endroit qui porte le nom d'Alexandrie; là, je vis une autre ville, dont la beauté était divisée, car une colonnade en marquait le grand axe, et une colonnade égale la traversait transversalement. Je partageai mes regards entre toutes les rues, mais je ne pus découvrir tout le spectacle de façon à me satisfaire ni voir la beauté de la ville tout entière à mon gré. Je voyais bien certains détails, d'autres, j'étais sur le point de les voir, d'autres, j'avais envie de les voir, il y en avait d'autres que je ne voulais pas manquer; ce que je voyais s'emparait de mon regard et ce que je m'attendais à voir l'entraînait plus loin. Je me promenai donc dans toutes les rues, et, les yeux encore pleins d'un désir inassouvi, je dis, accablé de fatigue : « Mes yeux, nous sommes vaincus! » Je vis deux choses étranges et paradoxales : la beauté de la ville rivalisant avec son étendue, le nombre de ses habitants avec ses dimensions, et de part et d'autre les chances étaient égales. Car la ville était plus grande que tout un continent, et le nombre des habitants plus grand que tout un peuple. Et, si je considérais la ville, je pensais que jamais il n'y aurait assez d'habitants pour la remplir tout entière, mais lorsque je regardais les habitants, je me demandais avec stupeur s'il y aurait une ville capable de les contenir. Et la balance était égale.


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Dernière mise à jour : 27/06/2006