[4,4] Καὶ ὁ Μενέλαος, "Ἦ γὰρ ἐλέφαντα ἤδη τεθέασαι," ἔφη, "ποτέ;"
"Καὶ μάλα," ὁ Χαρμίδης εἶπεν, "καὶ ἀκήκοα παρὰ τῶν ἀκριβῶς
εἰδότων τῆς γενέσεως αὐτοῦ τὸν τρόπον ὡς παράδοξος."
"Ἀλλ´ ἡμεῖς γε οὐκ εἴδομεν εἰς ταύτην," ἔφην ἐγώ, "τὴν ἡμέραν, ὅτι μὴ
γραφῇ." "Λέγοιμ´ ἂν ὑμῖν," εἶπε· "καὶ γὰρ ἄγομεν σχολήν. κύει
μὲν αὐτὸν ἡ μήτηρ χρονιώτατον· δέκα γὰρ ἐνιαυτοῖς πλάττει τὴν
σποράν· μετὰ δὲ τοσαύτην ἐτῶν περίοδον τίκτεται, ὅταν ὁ τόκος
γέρων γένηται.
διὰ τοῦτο, οἶμαι, καὶ γίνεται μέγας τὴν μορφήν, ἄμαχος τὴν ἀλκήν, µ
πολὺς τὴν βιοτήν, βραδὺς τὴν τελευτήν· βίον γὰρ αὐτοῦ λέγουσιν ὑπὲρ
τὴν Ἡσιόδου κορώνην.
τοιαύτη ἐστὶν ἐλέφαντος ἡ γένυς, οἵα τῶν βοῶν ἡ κεφαλή. σὺ μὲν γὰρ ἂν ἰδὼν
εἴποις κέρας ἔχειν αὐτῷ διπλοῦν τὸ στόμα· ἔστι δὲ τοῦτο ἐλέφαντος
καμπύλος ὀδούς. μεταξὺ δὲ τῶν ὀδόντων ἀνίσταται αὐτῷ προβοσκίς,
κατὰ σάλπιγγα μὲν καὶ τὴν ὄψιν καὶ τὸ μέγεθος, εὐπειθὴς δὲ τῶν
πρὸς τὸν ἐλέφαντα·
προνομεύει γὰρ αὐτῷ τὰς τροφὰς καὶ πᾶν ὅ τι ἂν ἐμποδὼν εὕρῃ σιτίον·
ἐὰν μὲν ᾖ ὄψον ἐλέφαντος, ἔλαβέ τε εὐθὺς καὶ ἐπιπτυχθεῖσα κάτω πρὸς
τὴν γένυν τῷ στόματι τὴν τροφὴν διακονεῖ· ἂν δέ τι τῶν ἁβροτέρων ἴδῃ,
τούτῳ περιβάλλει, κύκλῳ τὴν ἄγραν περισφίγξας, καὶ τὸ πᾶν ἀνεκούφισε
καὶ ὤρεξεν ἄνω δῶρον δεσπότῃ.
ἐπικάθηται γάρ τις αὐτῷ ἀνὴρ Αἰθίοψ, καινὸς ἐλέφαντος ἱππεὺς ὤν· καὶ
κολακεύει καὶ φοβεῖται καὶ τῆς φωνῆς αἴσθεται καὶ μαστίζοντος ἀνέχεται·
ἡ δὲ μάστιξ αὐτῷ πέλεκυς σιδηροῦς.
εἶδον δέ ποτε καὶ θέαμα καινόν. ἀνὴρ Ἕλλην ἐνέθηκε τὴν κεφαλὴν
κατὰ μέσην τοῦ θηρίου τὴν κεφαλήν· ὁ δὲ ἐλέφας ἐκεχήνει
καὶ περιήσθμαινε τὸν ἄνθρωπον ἐγκείμενον. ἀμφότερα οὖν ἐθαύμαζον,
καὶ τὸν ἄνθρωπον τῆς εὐτολμίας καὶ τὸν ἐλέφαντα τῆς φιλανθρωπίας.
ὁ δὲ ἄνθρωπος ἔλεγεν ὅτι καὶ μισθὸν εἴη δεδωκὼς τῷ θηρίῳ·
προσπνεῖν γὰρ αὐτῷ καὶ μόνον οὐκ ἀρωμάτων Ἰνδικῶν· εἶναι δὲ
καὶ κεφαλῆς νοσούσης φάρμακον. οἶδεν οὖν τὴν θεραπείαν ὁ ἐλέφας
καὶ προῖκα οὐκ ἀνοίγει τὸ στόμα, ἀλλ´ ἔστιν ἰατρὸς ἀλαζὼν καὶ
τὸν μισθὸν πρῶτος αἰτεῖ. κἂν δῷς, πείθεται καὶ παρέχει τὴν χάριν
καὶ ἁπλοῖ τὴν γένυν καὶ τοσοῦτον ἐκδέχεται κεχηνώς, ὅσον ὁ ἄνθρωπος
βούλεται. οἶδε γὰρ ὅτι πέπρακε τὴν ὀδμήν."
| [4,4] Alors Ménélas : « Est-ce que tu as déjà vu des éléphants ?
— Certainement, répondit Charmidès, et j'ai
entendu raconter à des gens qui s'y connaissaient la
façon dont ils venaient au monde, qui est extraordinaire.
Quant à nous, dis-je, jusqu'à ce jour nous ne les
connaissons qu'en peinture. — Je vais vous en parler,
reprit-il, car nous avons le temps. La femelle le porte en
elle pendant très longtemps. Il lui faut en effet dix années
pour donner sa forme à la semence, et c'est après toutes
ces années qu'elle met au monde son petit, qui est déjà
âgé. Et c'est la raison, je pense, pour laquelle il finit
par atteindre à une taille aussi énorme, à une force qui le
rend invincible, à une longévité aussi grande et à une fin
aussi lente; on dit en effet qu'il vit plus longtemps que
la corneille d'Hésiode. La mâchoire de l'éléphant est
semblable à la tête d'un boeuf, car, à la voir, on dirait
que sa bouche a deux cornes; ce sont en réalité des
dents incurvées. Entre ces dents s'allonge sa trompe, qui
ressemble à une trompette, à la fois par son aspect et par
sa longueur, et qui se prête admirablement à accomplir
tout ce qui peut être utile à l'éléphant : elle ramasse pour
lui sa pâture et, de façon générale, tout ce qu'il peut rencontrer
qui soit bon à manger; si c'est quelque chose qui
soit une nourriture d'éléphant, elle le saisit aussitôt, se
recourbe vers le bas, dans la direction de la mâchoire et
dépose l'objet dans la bouche. Mais s'il aperçoit quelque
chose d'un peu délicat, il le saisit, en formant un anneau
autour de l'objet, le soulève jusqu'en haut et en fait
hommage à son maître. Car il y a toujours un Éthiopien
assis sur lui, une sorte de cavalier monté sur éléphant.
L'animal cherche à lui plaire, et le redoute, comprend sa
parole et accepte qu'il lui donne des coups; et l'homme
se sert pour cela d'une hache de fer. J'ai vu, une fois, un
spectacle extraordinaire : un homme, un Grec, avait
placé la tête entre les mâchoires de l'animal, et l'éléphant
gardait la gueule ouverte, et l'homme en question restait
ainsi au milieu de la respiration de l'animal. Et moi j'étais
étonné à la fois de l'audace de l'homme et de la douceur
de l'éléphant. Mais l'homme me dit qu'il avait payé
un salaire à l'animal, car l'haleine de celui-ci ne le cède
en suavité qu'aux aromates indiens et constitue un
remède contre le mal de tête. L'éléphant connaît son
pouvoir de guérir et n'ouvre pas la bouche pour rien;
c'est un de ces médecins marrons qui réclament leurs
honoraires d'avance. Quand il a été payé, il consent à se
laisser faire de bonne grâce; il ouvre la gueule et la tient
grande ouverte aussi longtemps que l'homme le désire;
car il sait qu'il a loué son haleine.
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