Texte grec :
[3,18] Μόλις οὖν ἀναζωπυρήσας λέγω πρὸς τὸν Μενέλαον· "Οὐκ
ἐρεῖς μοι, τί ταῦτα; οὐχὶ Λευκίππην ὁρῶ; ταύτην οὐ κρατῶ καὶ
ἀκούω λαλούσης; ἃ οὖν χθὲς ἐθεασάμην, τίνα ἦν; ἢ γὰρ ἐκεῖνά ἐστιν
ἢ ταῦτα ἐνύπνια.
ἀλλ´ ἰδοὺ καὶ φίλημα ἀληθινὸν καὶ ζῶν, ὡς κἀκεῖνο τὸ τῆς Λευκίππης γλυκύ."
"Ἀλλὰ νῦν," ὁ Μενέλαος ἔφη, "καὶ τὰ σπλάγχνα ἀπολήψεται καὶ τὰ στέρνα συμφύσεται,
καὶ ἄτρωτον ὄψει. ἀλλ´ ἐπικάλυψαί σου τὸ πρόσωπον· καλῶ γὰρ τὴν Ἑκάτην
ἐπὶ τὸ ἔργον."
ἐγὼ δὲ πιστεύσας ἐνεκαλυψάμην. ὁ δὲ ἄρχεται τερατεύεσθαι καὶ λόγον τινὰ καταλέγειν·
ἅμα λέγων περιαιρεῖ τὰ μαγγανεύματα τὰ ἐπὶ τῇ γαστρὶ τῆς Λευκίππης καὶ
ἀποκατέστησεν εἰς τὸ ἀρχαῖον. λέγει δέ μοι· "Ἀποκάλυψαι."
κἀγὼ μόλις μὲν καὶ φοβούμενος (ἀληθῶς γὰρ ᾤμην τὴν Ἑκάτην παρεῖναι), ὅμως
δ´ οὖν ἀπέστησα τῶν ὀφθαλμῶν τὰς χεῖρας καὶ ὁλόκληρον τὴν Λευκίππην ὁρῶ.
ἔτι μᾶλλον οὖν ἐκπλαγεὶς ἐδεόμην Μενελάου, λέγων·
"Ὦ φίλτατε Μενέλαε, εἰ διάκονός τις εἶ θεῶν, δέομαί σου, ποῖ γῆς
εἰμι καὶ τί ποτε ταῦτα ὁρῶ;" καὶ ἡ Λευκίππη, "Παῦσαι," ἔφη,
"Μενέλαε, δεδιττόμενος αὐτόν. λέγε δὲ πῶς τοὺς λῃστὰς ἠπάτησας."
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Traduction française :
[3,18] Une fois revenu à moi, non sans peine, je dis à
Ménélas : « Ne veux-tu pas me dire ce que cela signifie ?
N'est-ce pas Leucippé que je vois ? N'est-ce pas elle
que je tiens, et dont j'entends les paroles ? Et le spectacle
que j'ai vu hier, qu'était-ce donc ? Ou bien j'ai rêvé alors,
ou bien je rêve maintenant. Mais c'était bien un vrai
baiser, un baiser vivant, comme étaient autrefois les
baisers suaves que me donnait Leucippé. - Maintenant,
dit Ménélas, on lui rendra ses entrailles, sa poitrine se
refermera, et tu la verras intacte. Mais voile-toi le visage.
Car je vais invoquer Hécate pour qu'elle m'aide dans
cette tâche! » Je le crus et me couvris la tête. Et lui
commence à faire le magicien et à réciter une incantation;
et, tout en récitant, il enlève les accessoires que
l'on avait fixés au ventre de Leucippé et la remet telle
qu'elle était auparavant. Puis il me dit : « Dévoile-toi. »
Et moi, non sans hésiter, et avec crainte - car je
croyais qu'Hécate était vraiment là - je finis par enlever
mes mains de sur mes yeux, et je vois Leucippé entière.
Plus stupéfait encore, j'adresse à Ménélas cette prière :
« Mon cher Ménélas, mon ami, puisque tu es un ministre
des dieux, je t'en prie, dis-moi en quel endroit de la
terre je me trouve, et quelles sont ces choses que je
vois ? » A ces mots, Leucippé s'écria : « Cesse, Ménélas,
de lui faire peur; raconte-lui comment tu as trompé les brigands. »
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