Texte grec :
[2,30] Ἐν τούτῳ δὲ ἔτυχον πέμψαι τὸν Σάτυρον πρὸς τὴν κόρην
ἀποπειρασόμενον τῆς φυγῆς. ἡ δὲ πρὶν ἀκοῦσαι πρὸς τὸν Σάτυρον,
"Δέομαι," ἔφη, "πρὸς θεῶν ξένων καὶ ἐγχωρίων, ἐξαρπάσατέ με τῶν
τῆς μητρὸς ὀφθαλμῶν, ὅποι βούλεσθε. εἰ δέ με ἀπελθόντες καταλίποιτε,
βρόχον πλεξαμένη τὴν ψυχήν μου οὕτως ἀφήσω." ἐγὼ δὲ
ὡς ταῦτα ἤκουσα, τὸ πολὺ τῆς φροντίδος ἀπερριψάμην. δύο δὲ ἡμέρας
διαλιπόντες, ὅτε καὶ ἀποδημῶν ἔτυχεν ὁ πατήρ, παρεσκευαζόμεθα
πρὸς τὴν φυγήν.
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Traduction française :
[2,30] J'envoyai Satyrus lui demander si elle consentirait à prendre la fuite
avec moi ; elle prévint la proposition qu'il allait lui faire.
"Au nom des dieux étrangers, lui dit-elle, au nom de ceux qui protègent ce
climat, éloignez-moi, je vous en conjure ! Votre maître et vous, éloignez-moi
de ma mère, dont je n'ose plus soutenir la présence ! En quelque lieu du monde
que vous me conduisiez, je suis prête à vous suivre ; mais, si vous me laissez
en proie au chagrin qui me dévore, je m'arracherai la vie !"
Lorsque je sus dans quels sentiments était Leucippe, l'espérance de la posséder
bientôt sans trouble et sans obstacle adoucit un peu ma tristesse. Nous
employâmes deux jours à dresser les préparatifs de notre voyage. On eût dit
que la fortune s'entendait avec moi : mon père et ma belle-mère étaient absents,
et Conops, dont nous craignions la vigilance, fut écarté par Panthie elle-même,
qui lui donna une commission pour la campagne.
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