| Texte grec :
 
 
  
  
   | [2,5] Ταῦτα εἰπὼν ἐχώρησεν ἔξω τῶν θυρῶν. ἐγὼ δὲ κατ´ ἐμαυτὸν
  γενόμενος καὶ ὑπὸ τοῦ Σατύρου παροξυνθεὶς ἤσκουν ἐμαυτὸν εἰς
  εὐτολμίαν ἐπὶ τὴν παρθένον· "Μέχρι τίνος, ἄνανδρε, σιγᾷς; τί δὲ
  δειλὸς εἶ στρατιώτης ἀνδρείου θεοῦ; τὴν κόρην προσελθεῖν σοὶ περιμένεις;"
  εἶτα προσετίθην· "Τί γάρ, ὦ κακόδαιμον, οὐ σωφρονεῖς;
  τί δὲ οὐκ ἐρᾷς ὧν σε δεῖ; παρθένον ἔνδον ἔχεις ἄλλην καλήν· ταύτης
  ἔρα, ταύτην βλέπε, ταύτην ἔξεστί σοι γαμεῖν." ἐδόκουν πεπεῖσθαι·
  κάτωθεν δὲ ὥσπερ ἐκ τῆς καρδίας ὁ Ἔρως ἀντεφθέγγετο· "Ναί,
  τολμηρέ, κατ´ ἐμοῦ στρατεύῃ καὶ ἀντιπαρατάττῃ; ἵπταμαι καὶ τοξεύω
  καὶ φλέγω· πῶς δυνήσῃ φυγεῖν; ἂν φυλάξῃ μου τὸ τόξον, οὐκ ἔχεις
  φυλάξασθαι τὸ πῦρ. ἂν δὲ καὶ ταύτην κατασβέσῃς σωφροσύνῃ τὴν
  φλόγα, αὐτῷ σε καταλήψομαι τῷ πτερῷ." |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [2,5] Après cette conversation, il me quitta. Comme je sentais que 
pour mon repos il fallait que je suivisse ses conseils, dès 
que je fus seul, je tâchai de me préparer à ne point manquer de courage 
lorsque je serai en tête-à-tête avec Leucippe. « Coeur efféminé ! 
me disais-je en moi-même, jusques à quand te tairas-tu? Pourquoi 
montrer tant de faiblesse sous les étendards d'un dieu si hardi ? 
Attends-tu qu'on te fasse des avances et qu'on vienne 
mendier ton amour ? » Cette idée était bientôt détruite par des 
sentiments contraires. « Malheureux ! ajoutais-je, ne te 
vaudrait-il pas mieux reconnaître ton erreur ? Que ne brûles-tu d'une 
flamme permise ? Les lois de ton père doivent régler tes désirs. 
Ta maison t'offre une autre maîtresse, qui n'est pas indigne de 
tes hommages ; aime-là, fixe tes yeux sur ses charmes, puisque c'est 
elle que le sort te destine pour épouse. » 
Ces réflexions que je faisais sur mon devoir semblaient me dessiller 
la vue ; mais ce n'était pas pour longtemps. J'entendais 
l'amour qui s'écriait du fond de mon coeur : « D'où te vient tant 
d'audace ? Quelle aveugle manie t'excite à porter les armes contre moi, 
et comment espères-tu me résister ? J'ai des ailes qui fendent 
l'air, j'ai des flèches dont rien ne brave la pointe, et un flambeau qui 
peut réduire l'univers en cendres. Si tu te garantis du coup de mes 
flèches, certainement tu n'éviteras pas l'ardeur de mon flambeau, 
et, quand même tu l'éviterais, ta fuite ne te servirait de rien, 
je t'atteindrais en volant. » |  |