| Texte grec :
 
 
  
  
   | [2,15] Ταῦτα εἰπὼν τὴν θυσίαν ἐπὶ τὴν Τύρον ἔπεμπε, καὶ τῇ πόλει
  συνδοκοῦν. ὁ οὖν Καλλισθένης διαπράττεται τῶν θεωρῶν εἷς γενέσθαι· 
  καὶ ταχὺ καταπλεύσας εἰς τὴν Τύρον καὶ ἐκμαθὼν τὴν τοῦ
  πατρὸς οἰκίαν ἐφήδρευε ταῖς γυναιξίν. αἱ δὲ ὀψόμεναι τὴν θυσίαν
  ἐξῄεσαν· καὶ γὰρ ἦν πολυτελής. πολλὴ μὲν ἡ τῶν θυμιαμάτων
  πομπή, ποικίλη δὲ ἡ τῶν ἀνθέων συμπλοκή. τὰ θυμιάματα, κασσία
  καὶ λιβανωτὸς καὶ κρόκος· τὰ ἄνθη, νάρκισσος καὶ ῥόδα καὶ μυρρίναι·
  ἡ δὲ τῶν ἀνθέων ἀναπνοὴ πρὸς τὴν τῶν θυμιαμάτων ἤριζεν ὀδμήν.
  τὸ δὲ πνεῦμα ἀναπεμπόμενον εἰς τὸν ἀέρα τὴν ὀδμὴν ἐκεράννυε,
  καὶ ἦν ἄνεμος ἡδονῆς.  τὰ δὲ ἱερεῖα πολλὰ μὲν ἦν καὶ ποικίλα,
  διέπρεπον δὲ ἐν αὐτοῖς οἱ τοῦ Νείλου βόες. βοῦς γὰρ Αἰγύπτιος οὐ
  τὸ μέγεθος μόνον ἀλλὰ καὶ τὴν χροιὰν εὐτυχεῖ· τὸ μὲν γὰρ μέγεθος
  πάνυ μέγας, τὸν αὐχένα παχύς, τὸν νῶτον πλατύς, τὴν γαστέρα
  πολύς, τὸ κέρας οὐχ ὡς ὁ Σικελικὸς εὐτελὴς οὐδ´ ὡς ὁ Κύπριος
  δυσειδής, ἀλλ´ ἐκ τῶν κροτάφων ὄρθιον ἀναβαῖνον, κατὰ μικρὸν
  ἑκατέρωθεν κυρτούμενον τὰς κορυφὰς συνάγει τοσοῦτον, ὅσον αἱ
  τῶν κεράτων διεστᾶσιν ἀρχαί· καὶ τὸ θέαμα κυκλουμένης σελήνης
  ἐστὶν εἰκών. ἡ χροιὰ δὲ οἵαν Ὅμηρος τοὺς τοῦ Θρᾳκὸς ἵππους ἐπαινεῖ.
   βαδίζει δὲ ταῦρος ὑψαυχενῶν καὶ ὥσπερ ἐπιδεικνύμενος
  ὅτι τῶν ἄλλων βοῶν ἐστι βασιλεύς. εἰ δὲ ὁ μῦθος Εὐρώπης ἀληθής,
  Αἰγύπτιον βοῦν ὁ Ζεὺς ἐμιμήσατο. |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [2,15] Tel fut le discours de Chéréphon. Les Byzantins envoyèrent à 
Tyr pour y célébrer le sacrifice qu'Hercule demandait par la voix de 
l'oracle. Callisthène, couvrant ses desseins criminels du masque 
de la piété, feignit de vouloir assister à cette auguste cérémonie, monta 
sur un vaisseau et se rendit en diligence au port de Tyr. Son premier 
soin fut de reconnaître notre maison. Un jour il en vit sortir deux dames, 
et les suivit jusqu'au temple, où leur curiosité les conduisait pour voir 
la pompe du sacrifice. L'appareil en était somptueux ; des guirlandes de 
narcisses, de roses et de myrthes servaient de parures aux autels 
qui étaient couverts de cassolettes précieuses, où l'on faisait brûler 
de la cannelle, de l'encens et du safran. Les différentes odeurs des fleurs 
et des parfums se mariaient ensemble et répandaient dans l'air une 
douceur qui l'embaumait. Le prix, le nombre et la diversité des 
victimes étaient dignes du dieu dont les Byzantins imploraient la 
protection. Dans cette multitude, les taureaux du Nil tenaient la 
première place. Cet animal est remarquable non seulement 
par sa grandeur, mais aussi par sa couleur qui n'a rien de vulgaire. 
Sa taille est majestueuse, son encolure renforcée, ses épaules larges 
de même que le reste du corps. Il n'a point les cornes rabattues 
comme ceux de Sicile, ni mal tournées comme ceux de Chypre, 
mais belles, unies, élevées, et qui, se courbant insensiblement 
l'une vers l'autre, laissent entre leurs pointes autant d'intervalle 
que l'oeil en découvre entre leurs racines. Aussi leur arrondissement 
forme en quelque façon l'image d'une pleine lune. Pour ce qui 
concerne sa couleur, elle ressemble à celle qu'Homère loue dans les 
chevaux thraces. Il marche d'un pas fier et la tête haute.
Son air noble l'annonce pour le roi de son espèce, et certainement, 
si ce qu'on nous dit d'Europe est véritable, il faut que Jupiter ait 
pris la figure d'un taureau d'Égypte. |  |